Le tribunal a reporté l’affaire du journaliste Sofiane Ben Farhat, au 20 janvier 2015. Procès controversé, puisque la victime y devient bourreau.
L’histoire remonte au 9 février 2014. Des jeunes insultent Sofiane Ben Farhat, près d’un hôtel de la capitale. Ils l’accusent d’avoir fait tomber le gouvernement Ali Larayedh, lui disent qu’il le paiera cher, puis surgissent de leur voiture, armés de gourdins, et le passent à tabac. Les témoins appellent la police, qui transporte le journaliste et son frère (également blessé) à l’hôpital. Une plainte est aussitôt déposée et un certificat médical attestant de l’état de la victime joint au dossier. Il y a quelques jours, Sofiane Ben Farhat reçoit, à sa grande surprise, une convocation pour comparaitre, mardi 16 décembre 2014, devant le tribunal cantonal de Menzel Bouzelfa, gouvernorat de Nabeul. Il est accusé de violences graves, atteinte aux bonnes mœurs et diffamation publique. Pas moins? Sofiane Ben Farhat, qui a comparu aujourd’hui devant le juge, a indiqué à Kapitalis qu’un collectif de 50 avocats s’est porté volontaire pour sa défense, notamment Mes Zribi, Massoudi, Kasbaoui, Jebali... Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l’a informé que le syndicat s’est constitué partie civile et a désigné Me Ridha Rabbaoui pour plaider dans cette affaire. Finalement, celle-ci a été reportée à fin janvier 2015 pour les plaidoyers. «Mes droits ont été spoliés dans cette affaire. De plus, il y a vice de procédure, mais j’ai confiance en la justice de mon pays pour recouvrer mes droits. D’ailleurs la magistrate m’a écouté avec beaucoup d’attention et elle s’est montrée aimable», a dit Sofiane Ben Farhat. Selon lui, le dossier a été monté de toutes pièces par des parties que dérangent ses commentaires politiques et son franc-parler. «La partie adverse a également été entendue, mais sa version ne tient pas la route. Elle contient beaucoup de contre-vérités et de contradictions. La justice tranchera», a ajouté le journaliste. Tout en rappelant que sa maison a été cambriolée et qu’il est lui-même menacé de mort, M. Ben Farhat a indiqué: «Je suis un simple journaliste et pour quelque mots de vérité, pour avoir usé de la liberté d’expression, on m’en fait voir de toutes les couleurs. On essaie de nous intimider, mais on ne réussira pas à nous museler». Y. N. M. |
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