Le syndicat des journalistes estime que le projet loi relatif à la répression des atteintes à la sécurité intérieure et à l’armée constitue une menace pour la liberté de la presse.

Dans un communiqué publié vendredi 17 avril 2015, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) précise que plupart des articles de ce projet de loi sont en flagrante contradiction avec la constitution et hostiles à la liberté de presse et d’expression.

«Le projet de loi prévoit des peines contre les journalistes qui révèlent des documents relatifs à la sécurité nationale et permet au seul ministre de l’Intérieur d’avoir accès à ces documents. Ces peines vont jusqu’à 10 ans d’emprisonnement», précise le communiqué.

Le syndicat craint que, sous l’intitulé général de «révélation des secrets de la sûreté nationale», le projet loi ne puisse porter atteinte à la liberté de la presse et ressusciter les vieux réflexes de la dictature.

«Cela rappelle les lois de Ben Ali, qui accusait les opposants et les journalistes d’atteinte à l’ordre public pour les museler et les séquestrer. C’est ainsi qu’on a instauré un Etat dictatorial et policier», a encore indiqué le communiqué.

Un article du projet de loi peut interpréter toute opinion exprimée à propos des institutions sécuritaire et militaire comme une atteinte à ces institutions passible d’une peine allant jusqu’à 2 ans d’emprisonnement, fait remarquer le SNJT, qui craint que ce texte ne mette les deux institutions au-dessus de la critique voire de la loi.

Par ailleurs, le syndicat des journalistes avertit l’opinion publique contre la détérioration de la liberté d’expression, un acquis important de la révolution tunisienne en 2011, et appelle les journalistes, la société civile et les députés à assumer leur totale responsabilité, pour contrer ce projet de loi jugé répressif.

«Les peines mentionnées dans ce projet sont parfois lourdes, du genre de celles appliquées dans les régimes dictatoriaux. Certains articles tolèrent que des sécuritaires tuent des citoyens, s’ils estiment avoir été agressés, sans devoir rendre compte à la justice», souligne encore le communiqué du SNJT, qui appelle les autorités à revoir ce texte, présenté cette semaine à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examen et adoption.

Y. N. M.

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