Un Tunisien résident en France a été condamné, avant-hier, à 8 ans de prison par le tribunal correctionnel de Paris, pour son activité «cyberjihadiste».
Le tribunal, estimant que le prévenu a exercé une «activité particulièrement grave et inquiétante», a également ordonné une interdiction définitive du territoire français à l’encontre de Nabil Amdouni. Le Tunisien, âgé de 37 ans, arrêté en 2012 à Toulon (sud), où il résidait avec son épouse et ses deux enfants, était suspecté d’avoir créé un site web relevant d'Al-Qaïda, ‘‘Choumoukh Al-Islam’’ (fierté de l'islam), à travers lequel il échangeait des messages codés avec des jihadistes au Yémen et au Maghreb. Il a donc été poursuivi pour «participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes». Après l’arrestation de son époux, la femme de Nabil Amdouni a intenté un procès en divorce. Inconnu jusqu’à son arrestation des services de police, ce dernier a comparu devant le juge, mercredi 6 mai 2015, et a reconnu les faits qui lui sont reprochés, avouant même avoir aidé des personnes à partir au jihad au Yémen à travers le site qu'il administrait. Le cyberjihadiste a cependant exprimé quelques regrets. «Emporté par ma foi, j'avais l'impression de participer à cette guerre, sans me poser de question. Aujourd'hui, j'ai changé d'avis», s’est-il défendu. Nabil Amdouni avait clandestinement quitté la Tunisie en 2002, fuyant l’ancien président Ben Ali, qui surveillait particulièrement les extrémistes religieux. Il a traversé l’Italie avant de s’installer en France, où a travaillé en tant que maçon, s’est marié et a fondé une famille. En 2009, le père de famille s’est transformé en «Abou Ayman» et passait des heures sur internet, cloitré dans sa chambre et coupé de toute vie sociale et familiale... Il est décrit comme un homme sans haine et coopératif avec la justice, par Me Éric Bourlion, qui a assuré sa défense. «Il était embrigadé et n’arrivait pas à décrocher. Il ne se rendait même pas compte de ce qu’il faisait. Depuis sa détention, il a totalement changé», a encore précisé son avocat, ajoutant: «Il y a autre chose à faire que la prison pour cet homme-là». Y. N. M. |
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