Riadh Guerfali, dit ‘‘Astrubaal’’, co-fondateur avec Sami Ben Gharbia du blog collaboratif tunisien ‘‘Nawaat’’, a reçu hier le prix du Net-Citoyen de l’organisation de défense de la liberté de presse Reporters sans frontières.
Le prix du Net-Citoyen récompense un journaliste en ligne ou un cyberdissident qui a contribué à promouvoir la liberté d’expression sur Internet.
«Nawaat est un blog collectif qui a commencé en 2004. Nawaat [qui signifie «noyau»] a été monté pour offrir une tribune libre à tous ceux qui ne voulaient pas subir le blocage médiatique en Tunisie. L’axe de Nawaat vise à défendre les libertés fondamentales, à commencer par la liberté d’expression. Nous avons été censuré dès le lancement, dès le premier jour, mais qu’à cela ne tienne nous avons mis à disposition outils et conseils pour contourner la censure. On informe et on s’exprime sur des questions politiques tunisiennes, sur la démocratie, etc.», raconte Riadh Guerfali.
Comment le Net tunisien va-t-il se comporter après la chute du régime de Ben Ali? Réponse : «Cela va être plus difficile. Il faudra être extrêmement vigilant. Par exemple, après la chute du pouvoir, pendant deux semaines les censeurs ont continué d’opérer sur internet sous prétexte de lutte contre la pédopornographie. Classique... Dès que les autorités veulent censurer, elles passent par là et bloquent le reste. Nous avons dit ‘‘il en est hors de question’’. L’administration ne peut pas bloquer de façon discrétionnaire. Seule la justice est compétente pour suspendre un site web. On va faire en sorte que plus jamais l’administration ne puisse censurer quoi que ce soit. Aujourd'hui, c’est le cas. En ce moment, plus aucun site n’est bloqué.»
Quel a été le rôle des réseaux sociaux et plus largement d'internet dans la révolution tunisienne? «Le rôle des réseaux sociaux a été important, mais pas en tant que tel», répond Riadh Guerfali. Il ajoute: «On a beaucoup parlé de ‘‘révolution Twitter’’ et de ‘‘révolution Facebook’’. Est-ce à dire que s’il n’y avait pas eu Twitter et Facebook, il n’y aurait pas eu la révolution tunisienne? Absurde, il y aurait d’autres supports. En revanche, l’internet en tant que canal de diffusion de l’information a eu un rôle extraordinaire. Les gens seraient-ils descendus dans la rue sans internet? Sûrement pas. En tout cas, nous n’aurions pas vu la chute de Ben Ali le 14 janvier. La révolution aurait eu lieu dans six mois, un an, trois ans... Internet et le téléphone portable sont des outils arrivés à maturité qui participent maintenant aux transformations politiques, aux révolutions.»
Source : ‘‘Nouvelobs’’.