A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les Nations Unies organisent une rencontre internationale, le 3 mai, à Tunis, sur le thème: «Les médias du XXIe siècle au service de la démocratie».


La Journée mondiale de la liberté de la presse, instaurée il y a 20 ans, est dédiée à célébrer les principes fondamentaux de liberté de la presse et à honorer les journalistes qui ont perdu leur vie dans la poursuite de leur profession.

La Tunisie a montré la voie

Le choix de la Tunisie cette année pour marquer cette célébration a une portée symbolique. C’est la Tunisie, en effet, qui, en se débarrassant, le 14 janvier, de l’un des régimes les plus liberticides a exprimé la force de volonté d’un peuple épris de liberté et de justice.

C’est la Tunisie aussi qui a montré la voie aux autres pays arabes qui se soulèvent les uns après les autres pour exprimer les mêmes revendications.

C’est la Tunisie enfin qui, par le biais du cyber-activisme a montré la force subversive et libératrice des nouveaux médias alternatifs.

«Nul ne peut nier que l’essor d’Internet a considérablement accru la capacité des individus et des groupes de s’exprimer librement et d’exercer le droit de chercher, recevoir et répandre des informations. Plus précisément, les nouvelles plates-formes médiatiques permettent à tous les citoyens de communiquer avec d’innombrables interlocuteurs ; c’est ainsi que les blogueurs du monde entier n’hésitent pas à défier les autorités, à dénoncer la corruption, et à s'exprimer via Internet», lit-on dans le communiqué des Nations-Unies annonçant la manifestation. Le texte ajoute: «Il parait évident que le paysage de la contestation politique dans des sociétés où la liberté d’expression est limitée a connu ces dernières années des changements considérables associés à l’utilisation de nouvelles plateformes numériques». Et de souligner «l’exemple du réseau social Facebook et de la Tunisie qui vit les effets sociopolitiques d’un virage soudain vers un régime démocratique.»

Les nouveaux médias au service de la démocratie

En effet, notent les Nations Unies, «en octobre 2009, on recensait quelques 860.000 comptes Facebook appartenant à des citoyens tunisiens, chiffre qui a été largement dépassé en février 2010 où on dénombrait, selon Facebakers, 1.125.540 Facebookeurs tunisiens.  En janvier 2011, la Tunisie a franchi la barre des 2 millions d’utilisateurs Facebook. Sur une population totale de 10 millions d’habitants, ce  chiffre correspond à un taux de pénétration de 20%, selon les statistiques livrées par Socialbakers (ancien Facebakers).»

En ce qui concerne l’Internet en général, la Tunisie comptait en mars 2010 quelques 3,6 millions d’utilisateurs sur une population totale d’environ 10,4 millions d’habitants, d’après les données officielles tunisiennes. Grâce à sa capacité d’accueil et son potentiel de participation, Internet a ouvert de nouveaux horizons à la liberté d’expression, et cette tendance ne pourra que se confirmer à l'avenir.

L’objectif de la Journée mondiale de la liberté de la presse 2011 est d’explorer les possibilités d’exploiter ces nouveaux médias en tant qu’outil au service de l’instauration de la démocratie en Tunisie ainsi que de  réaffirmer les principes fondamentaux de la liberté d’expression et du droit à l'information à l'ère du numérique tout en célébrant le courage de ceux qui font leur métier de journaliste et qui se battent pour la liberté de la presse.

Les participants

La réunion aura lieu au Centre culturel El Menzah, à Tunis. On annonce la participation de Taieb Baccouche, ministre de l’Education et président de la Commission nationale tunisienne pour l’Unesco, Philippe Quéau, représentant de l’Unesco pour le Maghreb, Mohamed Belhocine, coordonateur résident du Système de Nations Unies en Tunisie, François-Bernard Huyghe, chercheur à l’Observatoire géostratégique de l’information (Institut des relations internationales et stratégiques, Iris, Paris), Sihem Najjar, de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis), Alice Antheaume, journaliste et responsable de la prospective et du développement international (École de Journalisme de Science Po Paris), Jamal Eddine Naji, Coordonateur du débat national médias et société au Maroc, Kamel Labidi, président de l’Instance nationale indépendante pour la réforme du secteur de la communication et de l’information, Isabelle Mariani, maître de conférences en droit européen des médias (Institut de recherche et d’études en droit de l’information et de la communication, France), Ridha Jenayah, président de la Sous-commission de l’Information au sein de la Commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, Sahbi Ben Nablia, expert en communication et médias arabes, Adrien Gévaudan, Consultant en intelligence économique, Sihem Bensedrine, porte parole du Conseil national des libertés en Tunisie (Cnlt), Lina Ben Mhenni, activiste et blogueuse, Slim Amamou, blogueur et secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports. Enfin, Néji Bghouri, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), présentera à cette occasion le rapport de son organisation sur l’état de la liberté d’expression en Tunisie en 2010.

I. B.