Pour la première fois en Tunisie, une centaine de partis politiques s’engagent dans une course aux élections aussi bien sur le terrain que dans les médias et… sur internet.


L’Internet et les réseaux sociaux ont joué de toute évidence un rôle important dans la révolution tunisienne, en particulier, mais aussi dans toutes les révolutions arabes, suscitant toutefois des appels à la mise en place de garde-fous pour éviter les dérapages.

Tout web dehors !
Conscients de l’impact de ces nouveaux outils d’information et de communication sur les internautes, notamment parmi les jeunes, les partis politiques se sont attelés à la réalisation des sites web et à l’ouverture des comptes sur les réseaux sociaux.
Le consultant en systèmes d’information Mohamed-Ali Razgallah a conçu un média électronique après la révolution baptisé Fhimt.com dans lequel il a publié une cartographie établissant la présence des partis politiques sur le net. On apprend que sur un total de plus de 100 partis, il existe 46 sites web, 92 pages Facebook, 14 comptes Twitter, 9 web TV’s et 10 publications en ligne.
A travers ces canaux de communication recensés, les différents partis présentent leurs programmes, publient des informations sur leurs activités ainsi que sur le bureau exécutif, les membres et les différents bureaux régionaux.
L’objectif des partis, à moins de deux mois des élections cruciales de l’Assemblée nationale constituante, est d’être présent sur la toile pour informer les internautes, faire connaître leurs programmes et promouvoir leur image. Chaque parti tente à sa manière de convaincre le maximum de visiteurs pour adhérer à son groupe et ce, par un simple clic sur «j’aime» ou «j’adhère».

Pour une compétition à armes égales
Cependant, et en l’absence d’une loi interdisant la diffusion des spots publicitaires à caractère politique dans les médias et sur Internet, les partis publient et diffusent sans aucune contrainte. L'absence, également, d’une réglementation sur les ressources financières des partis fait qu’ils en font usage sans contrainte juridique.
Dans ce sens, le doyen de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis Fadhel Moussa souligne que la compétition politique doit être à «armes égales». «Il convient d’interdire la diffusion des spots publicitaires des partis politiques qui ne peuvent qu’être contre-productifs», estime-t-il.
Cet appel soutenu par une grande partie de l’électorat a trouvé échos auprès de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) dont le président Kamel Jendoubi a annoncé, lundi, lors d’une rencontre périodique avec les représentants des partis politiques, l’interdiction de la publicité politique à partir du 12 septembre.
Pour le doyen Fadhel Moussa, le citoyen qui est aujourd’hui confronté à une révolution médiatique «doit savoir faire la différence entre le vrai et le faux et ne pas tout prendre pour de l’argent comptant». «L’Internet et les réseaux sociaux constituent un moyen de communication incontournable et la liberté de presse et d’expression sont garanties par la loi, mais il ne faut pas tomber dans la diffamation», souligne-t-il.

Clarifier les règles de financement des partis
Dans ce cadre, un projet de décret-loi sur les partis politiques a été adopté par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique au début du mois d’août et n’a pas encore été approuvé par le gouvernement.
Un autre projet de décret-loi sur la liberté de la communication audiovisuelle qui devra interdire la publicité politique est également en gestation.
Le parti Afek Tounes s'étonne, dans un communiqué, «que le gouvernement n’ait toujours pas promulgué cette loi à ce jour et insiste pour que ce soit fait dans les plus brefs délais.» Ce jeune parti libéral, né au lendemain de la révolution et regroupant essentiellement des cols bleus, estime que cette loi «permettra de clarifier les règles de financement des partis et d’éviter tous les dépassements durant la période électorale.»

Source: Tap