‘‘Al Oula Attounissia’’, journal indépendant paru après le 14 janvier, lance un cri d’alarme : les difficultés qu’il rencontre peuvent mener à sa disparition.
Selon Nebil Jridet, directeur du journal, «cette situation porte en elle les indices de la survivance de l’hégémonie des mécanismes et des pratiques adoptés au temps de Ben Ali et qui avaient fait obstacle à l’émergence d’une presse indépendante, à même de répondre aux attentes du peuple tunisien, à son aspiration à la liberté d’expression et d’opinion et à une presse libre et plurielle.»
M. Jridet tiendra une conférence de presse, samedi, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), au quartier du Belvédère, à Tunis. Il parlera de «la situation critique que connaissent plusieurs journaux tunisiens qui ont vu le jour après le 14 janvier, dont le sien, des «problèmes inhérents à l’édition et à la distribution ainsi qu’à la situation professionnelle des nouvelles publications», des «problématiques liées à la publicité publique et politique et les solutions préconisées», et «des obstacles à l’instauration du pluralisme dans le domaine de l’information et à la naissance d’une nouvelle presse indépendante et les conséquences négatives qu’elles peuvent engendrer sur le secteur.»
Ben Ali "survit" dans "ses" médias
A l’évidence, les nouveaux journaux non financés directement par des hommes d’affaires, dont certains liés à l’ancien régime, ont du mal à survivre dans un environnement médiatique verrouillé par les médias d’hier, ceux-là même qui ont prospéré sous la dictature et en ont tiré de gros bénéfices. L’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) a officiellement disparu, mais le système de répartition de la publicité, publique et privée, qui était en vigueur sous Ben Ali, lui a survécu. Ce sont, en tout cas, les médias liés à l’ancien système qui continuent de bénéficier inexplicablement de la manne de la publicité publique, comme s’il n’y avait pas eu de révolution !
On comprend dès lors que les nouveaux médias aient aujourd’hui des difficultés à survivre : l’administration publique, elle-même dirigée par les cadres de l’ancien régime, contribue à cette situation qui fait penser à une stratégie de résistance contre-révolutionnaire visant à remettre en place le système Ben Ali, sans l’ex-président et son clan.
Imed Bahri