Après TunisiaLive, premier site tunisien d’expression anglaise lancé par des jeunes, TunisiaTalks, leur autre nouveau né, va faire débat sur Youtube. Une Web TV en direct.
Avant la révolution, aucun membre du trio, Ramla Jabeur, Zied Mhirsi et Youssef Gaïgi (cofondateurs de TunisiaLive) n’a pensé un jour à faire du journalisme. Mais au lendemain de la révolution, la donne a changé. Tous trois ont décidé de se convertir au métier. Sachant que dans le pays, il y a un manque flagrant d’informations sur la Tunisie pour les anglophones. Et puisqu’il y a de la place pour tous, ils se sont lancés dans l’aventure. C’est ainsi que l’équipe s’est présentée, mardi, lors d’un point de presse à l’hôtel Sheraton de Tunis.
L’actualité de la source
Comment leur est venue l’idée de ce projet ? Au départ, comme tous les blogueurs et facebookeurs, ces jeunes ont manifesté, un certain vendredi 14 janvier, dans l’avenue Habib Bourguiba, brandissant leurs slogans en anglais dans le texte et appelant au départ du dictateur Ben Ali. Leurs affichettes ont interpellé plusieurs médias internationaux qui ont sauté sur l’occasion pour leur demander une éventuelle collaboration. C’est ainsi qu’ils se sont connectés avec des chaînes internationales, lancé leur TunisiaLive et c’est parti !
Slim Amamou
Ce site électronique qui s’adresse aux anglophones vivant en Tunisie et à l’étranger est réalisé actuellement par une équipe de 30 jeunes. Le site propose un contenu varié avec, à l’appui, photos, vidéos et podcasts. Ne manquant pas d’imagination et d’ambition, un nouveau projet est né dans leur laboratoire des Berges du Lac appelé Tunisia Talks (Tounes Tetkallem en arabe, et la Tunisie parle en français). Et c’est bien le moment, à la veille du lancement de la campagne pour l’élection de la Constituante, prévue le 23 octobre. Quel meilleur moment pour lancer un media qui se donne pour mission de libérer la parole citoyenne !
Débat sur Toile
TunisiaTalks est une sorte de Web TV spéciale sur Youtube, qui veut avoir un rôle d’aiguillon dans le paysage médiatique et politique actuel. Les jeunes se sont mis d’accord avec Google qui a mis à leur disposition une plateforme. Les internautes pourront dès maintenant participer aux débats en posant leurs questions aux politiciens. A partir de cette banque de questions, il y aura une sélection des questions qui reviennent le plus. Les invités auront donc à y répondre en direct.
L’objectif de cette chaîne sur Youtube est d’enrichir les débats et confronter les idées. «Nous nous sommes inspirés de la plateforme créée par Google en 2007 lors des élections d’Obama aux USA et qui a été par la suite transportée notamment en Angleterre, en France et en Egypte», a expliqué Zied Mhirsi, le médecin-blogueur, devenu journaliste malgré lui.
TunisiaTalks proposera donc aux Tunisiens de poser leurs questions pendant cette période préélectorale à une dizaine de politiques. Les questions (envoyées via Youtube par écrit ou en vidéos) seront la matière des débats à venir.
Zied Mhirsi, debout à droite, et sa jeune équipe
Le futur leur appartient
Le Tunisien moyen ne disposant pas généralement d’un ordi et même de l’accès à Internet, comment vont-ils faire pour que ce dernier puisse prendre la parole et participer aux émissions ?
Dans ce cas, répond Youssef Gaïgi, une équipe de TunisiaLive (la jeune maison-mère) se déplacera et enregistrera avec la personne là où elle est, dans toutes les régions du pays.
Avec l’expérience qui sera acquise à l’occasion de l’élection de la Constituante, TunisiaTalks ambitionne de poursuivre la même démarche avec les élections législatives, présidentielle et municipales qui suivront dans la foulée. En attendant, la Web TV va aussi couvrir l’actualité dans le pays. Les citoyens continueront de poser des questions relatives à tous les domaines (éducation, culture, tourisme, la santé...), et les responsables concernés y répondront.
Les journalistes en herbe voient leur petite Tunisie en grand. Ils pensent même à développer leur chaîne Youtube en une chaîne parlementaire. Oui, pourquoi pas ! Il leur suffit d’avoir les moyens et le courage. Et apparemment, ils n’en manquent pas.
Après la présentation de TunisiaTalks, les présents ont eu droit à un petit temps de formation avec l’Egyptien Samir El-Bahei, un professionnel de Google et son représentant au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Pour plus de détails, visiter le site.
Zohra Abid