Le bureau du procureur de la République de Tunis a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire sur la diffusion, par la chaîne Nessma, du film d’animation franco-iranien ‘‘Persépolis’’.


Selon l’agence Tap, cette décision fait suite à plusieurs plaintes déposées par des avocats et des citoyens, apprend-on de source judiciaire.

Nessma a diffusé, vendredi dernier, le film d’animation ‘‘Persépolis’’ doublé en dialecte tunisien, suivi d’un débat d’une heure trente sur l’intégrisme religieux.

Des extrémistes ont tenté, dimanche, d’attaquer les bureaux de la chaîne dans le quartier de Montplaisir et à l’avenue Mohamed V à Tunis en signe de protestation contre la diffusion du film.
Plusieurs partis politiques ont condamné l’attaque alors que d’autres ont critiqué la décision de la chaîne «survenue en cette phase pré-électorale sensible».

‘‘Persépolis’’, film d’animation de la réalisatrice iranienne Marjane Satrapi, est sorti en 2007. Il raconte le quotidien d’une fillette rêveuse dans le Téhéran de 1978, élevée dans une famille moderne et éduquée. En toile de fond, les événements violents qui ont mené à la chute du régime du chah et à l’instauration de la république islamique.

Selon certaines sources, la diffusion de ce film en pleine période électorale, au moment où le débat politique dans le pays se réduit à un affrontement entre deux projets de société, laïque et moderniste d’un côté et islamiste et identitaire de l’autre, est loin d’être une décision spontanée et sans arrière-pensée politique.

Par ailleurs, la concordance entre la programmation de ce film et la diffusion sur les réseaux sociaux d’autres films de propagande anti-islamiste, dont on attribue la réalisation (ou la production) à Nessma TV, laisse également perplexe et ouvre la porte à toutes les interrogations.

Quoi qu’il en soit, en cette phase délicate de l’histoire du pays, les partis, les acteurs politiques et les médias seraient bien inspirés d’éviter les postures provocatrices et les prises de position qui risquent d’attiser, inutilement, le feu des divergences.

I. B. (avec Tap).