Un appel au rassemblement vendredi à partir de 11 heures devant Dar Al Anwar, au 25 avenue Jean Jaurès à Tunis circule depuis trois jours sur les réseaux sociaux.


Il s’agit de soutenir les deux journalistes abusivement licenciés par cette maison de presse, et qui sont en grève de la faim depuis le premier novembre.


Wafa Boujmil

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), le Syndicat général de la culture et de l’information et le Syndicat de base de Dar Al Anwar ont dénoncé la position de Saïda Amri, Pdg de Dar Anwar, qui a affirmé que «la décision du licenciement d’une journaliste et d’un technicien du quotidien Echourouq est définitive». Et qu’elle n’est pas prête à négocier.

«Des pratiques méprisantes»

Selon un communiqué rendu public jeudi, une rencontre a eu lieu, mercredi, à l’imprimerie de Dar Al Anwar, en présence des membres des trois syndicats, en vue d'examiner la situation de la journaliste Wafa Boujmil et du technicien Salah Jaâfar qui travaillent au site électronique du journal Echourouk et qui sont en grève de la faim depuis mardi en signe de protestation contre leur licenciement abusif.

Selon la même source, le Pdg de Dar Anwar, Saïda Amri, a décidé de fermer définitivement le site web du journal Echourouk, refuse toutes autres propositions et affirme que sa décision est légale. Et ne reconnaît nullement «les lacunes ayant marqué la procédure de licenciement, une mesure devenue habituelle au sein de ce service», ajoute le communiqué.


Salah Jaafar

Les signataires du communiqué font assumer la direction générale de Dar Al Anwar, «la responsabilité de la détérioration de l’état de santé des deux agents en grève» et dénoncent les «pratiques méprisantes» qu’exercent certains propriétaires d’établissements privés, appelant la société civile à s’engager en faveur de l’«instauration d'une presse libre qui répond aux aspirations du peuple tunisien à la liberté et à la dignité».

Au chevet de Wafa et Salah

Kapitalis a rendu visite, jeudi, aux deux confrères à l’avenue des Etats Unis à Tunis au siège du Snjt. Leur état est inquiétant. Wafa Boujmil diabétique n’a plus la force ni de parler ni d’ouvrir ses yeux. Salah Jaâfar semble très affaibli. Surtout après l’effroyable nuit qu’il a passée la veille avant d’être balancé, lui et sa collègue, par la force en dehors de Dar Al Anwar.

«Vers 2 heures du matin, j’ai été surpris par l’arrivée de 5 hommes que je ne connais pas. Ils nous ont attrapés et ligotés avant de nous jeter dehors. On m’a attrapé le premier. J’ai résisté car je ne savais pas qui ils étaient et ce qu'ils pouvaient faire à ma collègue au milieu de la nuit. Ils m’ont enlevé le portable pour que je ne téléphone à personne et m’ont battu après m’avoir jeté par terre à l’extérieur», raconte Salah, la voix très faible.

La syndicaliste Anissa Slim a été empêchée le matin d’entrer à la rédaction. «On m’a dit que mon travail est à l’imprimerie et même en tant que membre du syndicat, je n’ai plus à mettre les pieds au 25 avenue Jean Jaurès qu’après avoir pris un rendez-vous avec Mme Amri, si elle le veut», a raconté Mme Slim sur sa page Facebook. Un peu après, le syndicaliste Marouane Ben Salah, qui était au bureau de la publicité de Dar Anwar à la rue Bach Hamba, a été assailli par un fonctionnaire de Dar Anwar et un autre individu. «En discutant avec ce monsieur que je ne connais pas, il m’a dit qu’il fait seulement son boulot, autrement dit il est payé pour une tâche précise. Je me suis contrôlé le long de la journée», raconte de son côté Marouane Ben Salah. La même matinée, nous avons reçu un email de notre collègue du journal ‘‘Le Quotidien’’ Walid Bourouis nous informant qu’il ne peut plus supporter les pratiques de la direction et qu’il a remis sa démission. «De ma vie, je n’ai jamais vu pire. Comme si on était encore sous Ben Ali», a-t-il dit.

Z. A.