Les médias tunisiens n’ont pas été neutres dans la couverture de la dernière compagne électorale (du 1er au 23 octobre) et la présence de la femme et des questions qui lui sont liées y a été très faible.


C’est ce qui ressort du 3e rapport de l’opération d’observation du rôle des médias en Tunisie, au cours de la période légale de la campagne électorale, qui souligne encore le manque de crédibilité et de professionnalisme, sinon les pratiques propagandistes de ces médias, qui ont du mal à se détacher des habitudes acquises sous le règne du dictateur Ben Ali.

L’effet pervers de la diffusion de ‘‘Persépolis’’

Mme Sana Ben Achour, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) a indiqué lors d'une conférence de presse, jeudi, au siège de l’Observatoire national de l’information à Tunis, que les organes d’information n’ont pas réussi à assurer une couverture exhaustive des programmes des acteurs de la vie politique en ce qui concerne leurs visions de l’Assemblée nationale constituante, outre la faiblesse de la couverture des activités politiques féminines.

Le rapport reproche aux médias d’avoir participé à plusieurs reprises, durant cette campagne, au détournement de l’attention des citoyens du vrai débat sur les élections, en provocant un autre débat sur l’identité, devenu problématique après la diffusion, par Nessma TV, du film ‘‘Persépolis’’.

Le rapport précise que la scène médiatique a été divisée, suite à la diffusion de ce film, entre défenseurs et accusateurs de cette chaîne et entre défenseurs de l’islam et défenseurs de la liberté d’expression et de l’information, déviant ainsi de son rôle fondamental en cette période et qui consiste à assurer la couverture des programmes des candidats en lice aux élections.

S’agissant des résultats de l’observation concernant la presse écrite, le rapport montre que 20,20% de la matière observée n’était pas neutre dans le traitement des sujets et que les genres journalistiques propres à la presse d’opinion étaient rares.
Le rapport d’observation révèle aussi une grande faiblesse de la présence de la femme politique dans les articles de presse, ne bénéficiant que de 4,22% seulement des espaces observés soit 10 fois moins que les hommes politiques qui ont bénéficié de 41,68% des espaces concernés par cette opération.

Déséquilibre sur toute la ligne

Au chapitre des stations radiophoniques, le rapport indique que 55, 29% de la matière observée n’était pas neutre dans le traitement des programmes et des sujets liés aux élections, outre le fait que la femme n’a bénéficié que de 5,16 % de taux d’occupation de la totalité des tanches horaires observées contre 57,64% pour les hommes politiques.

Les résultats d’observation des chaînes TV publiques dans la couverture des activités des acteurs de la scène politique ont révélé que 65,35% des programmes observés n’étaient pas neutres, indique ce rapport, précisant que la couverture des activités des femmes politiques n’occupe que 6,37% de la totalité des tranches horaires alors celles des hommes politiques atteint 55,05%.

L’opération d’observation des organes d’information tunisiens lors de la période des élections de l’Assemblée nationale constituante a été décidée dans le cadre d’une coalition entre plusieurs organisations non gouvernementales comprenant l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd), l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd), la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme (Ltdh), le Conseil national pour les libertés (Cnlt), le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) et l’Observatoire de la liberté de la presse, de l’édition et de la création (Olpec).

Ce projet est soutenu par plusieurs organisations internationales et régionales dont l’organisation danoise à but non lucratif  International Media Support (Ims) opérant dans plus de 40 pays pour le soutien de l’information locale en période de conflits et de bouleversements politiques.