Le sit-in observé lundi par des employés devant les studios de radio Zitouna à Carthage est conduit par Mohamed Machfar, l’administrateur dont on vient de mettre fin à la mission. Que demande-il ? Pas de femme !
Le rassemblement qui a eu lundi devant la radio Zitouna a fait du bruit à Carthage. C’est pour dire non à la nomination d’une femme. Certains fonctionnaires très proches de l’ancien régime, dont Mohamed Machfar, imam attitré de Sakhr El Materi, le gendre du président déchu, et des extrémistes religieux ont dénoncé la nomination officielle de l’universitaire et islamologue Iqbal El Gharbi à la tête de cette radio.
Les riverains sont inquiets. «Sa mission est terminée. Pourquoi est-il venu si ce n’est pas lui qui incite au rassemblement ?L’homme qui n’a plus rien à faire proteste et dit que cette dame n’a pas le profil pour diriger une institution pareille. En plus, il n’a fait que des dégâts. Cet administrateur n’est pas digne et ça le dérange qu’une femme intellectuelle, qui plus est, enseignante à l’université Zitouna, prenne les commandes de cette radio», s’insurge un habitant du quartier où est basée la Zitouna fondée par Sakher El Matri, en fuite depuis le 14 janvier et qui réside actuellement à Qatar.
Depuis la nomination de Mme Gharbi, une pétition a circulé portant près de 250 signatures. Il s’agit d’un groupe qui refuse de voir une femme diriger cette radio islamique, qui plus est, moderniste et ouverte. «Cette révolution est interne et la manipulation est sans aucun doute, orchestrée par M. Machfar qui dit que cette femme n’a pas le profil et qu’elle n’a pas eu de formation religieuse et n’est pas théologienne. D’ailleurs, cet homme ne s’est pas contenté de sa mission en tant qu’administrateur, mais il est devenu animateur», ajoute le témoin qui semble très irrité par ce qui se passe et qui ne voit pas réagir les autorités.
La situation a empiré hier soir lorsque le tandem Imed El Ouerghi, directeur de la programmation, et Nader Abbes, directeur technique, eux aussi impliqués avec l’ancien système, ont coupé carrément les programmes d’une radio écoutée par plusieurs millions de Tunisiens. Mais que fait le gouvernement ? N’est-ce pas lui qui a nommé Mme El Gharbi ? Pourquoi ménage-t-il un imam qui n’a ni les diplômes ni la formation requis pour diriger une radio et, qui plus est, qui est impliqué jusqu’au coup avec l’ancien système ? C’est tout de même révoltant…
Z. A.