Comment transformer le statut de l’agence Tunis-Afrique-Presse (Tap) d’un service gouvernemental en un service public, indépendant du gouvernement et au service des citoyen ?
Pour répondre à cette question, l’Instance nationale de réforme de l’information et de la communication (Inric) a organisé, vendredi à Tunis, une réunion, en présence de plusieurs journalistes et fonctionnaires de l’agence.
La nécessité d’affranchir les établissements médiatiques publics de la tutelle de l’Etat et de les délier de toute appartenance politique a été abondamment soulignée après la révolution. L’Inric y a aussi beaucoup œuvré depuis sa création en février, en étudiant les expériences menées par plusieurs pays ayant vécu le même processus transitoire que la Tunisie en matière d’organisation des agences de presse, notamment en Pologne, en Tchéquie et en Afrique du Sud.
Elaborer un nouveau statut
C’est aux employés de l’agence Tap, qui fut longtemps un instrument de propagande au service des dictatures de Bourguiba et de Ben Ali, de faire un état des lieux et d’étudier les moyens à mettre en place pour assurer à leur agence l’autonomie financière et de gestion, et l’indépendance administrative vis-à-vis du gouvernement. Un nouveau statut devrait être élaboré, qui assurera cette mutation profonde.
Selon les journalistes et les fonctionnaires de la Tap présents à cette rencontre, l’agence a besoin d’une nouvelle organisation structurelle, administrative et rédactionnelle qui tient compte des enjeux de la compétitivité médiatique imposée par la révolution du 14 janvier.
Ils ont, également, plaidé en faveur de la séparation entre l’administration et la rédaction au sein de l’agence, du perfectionnement de ses ressources humaines et de son renforcement par de jeunes compétences.
Certains intervenants ont estimé que le problème qui se pose au sein de l’agence n’est pas à caractère journalistique mais il est étroitement lié à la politique médiatique imposée à l’agence des décennies durant.
Néjib Ouerghi toujours en poste
Il faut rappeler, à ce propos, que le Pdg de l’agence, Néjib Ouerghi, un élément issu du système médiatique mis en place par Abdelwahab Abdallah, sous Ben Ali, et qui a dirigé ‘‘Le Renouveau’’, organe de l’ex-parti au pouvoir, aujourd’hui disparu, continue inexplicablement de sévir à la tête de la Tap. Parmi ses grands coups d’éclat journalistique : un article intitulé ‘‘Pourquoi voter Ben Ali’’ appelant le dictateur à se présenter aux élections de 2014.
N’a-t-on pas trouvé un autre professionnel pour le remplacer ou le gouvernement provisoire a-t-il encore besoin de ses talents de propagandiste en chef ?
La question mérite d’être posée aussi au gouvernement qui va se mettre en place dans les deux prochaines semaines. Le maintien ou non de certains patrons à la tête des médias publics sera l’un des signes de la volonté de ce gouvernement de rompre avec les pratiques du passé.
I. B.