Alors que ses anciens amis journalistes continuent d’être invités sur les plateaux de télévision pour chanter les louanges de la révolution, Abdelwaheb Abdallah continue, lui, d’être traîné devant la justice.
Par Zohra Abid
L’ancien ministre-conseiller politique de Ben Ali et artisan de son système de propagande est entendu aujourd’hui, une nouvelle fois, par le juge.
L’ancien ministre des Affaires étrangères (2005-2010), en détention depuis la révolution, a été convoqué par le juge d’instruction de la 6ème Chambre du tribunal de première instance de Tunis. Il est entendu à propos des affaires de corruption liées à la gestion de l’Etablissement de la télévision nationale.
La Tunisie des veules et des sans scrupules
L’ancien professeur de l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi), qui a formé et «clientélisé» beaucoup de journalistes tunisien(e)s, qui furent longtemps ses obligé(e)s grassement rémunérés et récompensés, doit se sentir très seul aujourd’hui. Et abandonnés par ces hypocrites qui continuent de pérorer effrontément sur les plateaux des radios et des télévisions, comme si de rien n’était.
Certains se sont déjà rapprochés du parti Ennahdha, aujourd’hui au pouvoir, et espèrent faire leur miel grâce à cette proximité avec le parti islamiste tunisien, après avoir longtemps été au service de la dictature atroce qui réprimait ses dirigeants et ses membres.
C’est la Tunisie des veules et des sans scrupules qui tente ainsi de se remettre en place… On jette en prison les Ben Ali, les Trabelsi, leurs parents et leurs proches collaborateurs, et la fête continue. Business as usual…
Vite, monsieur Amor, les dossiers !
La Commission nationale d’investigation sur la corruption et les malversations (Cnicm), dirigée par le juriste Abdelfattah Amor, qui a levé un coin du voile sur les journalistes ripoux, qui bénéficiaient des générosités de l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), serait bien inspirée de dénoncer ces mafieux nommément et de remettre rapidement leurs dossiers à la justice afin qu’ils rendent compte au peuple tunisien de tout le mal qu’ils lui ont fait.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), qui s’est engagé à rendre public une liste noire des journalistes qui ont trempé avec l’ancien régime et qui a constitué un comité chargé de l’élaborer devrait accélérer, lui aussi, le processus. Car il s’agit de dénoncer ces escrocs de la plume, de les mettre hors d’état de nuire et de les empêcher de dévoyer le changement actuel en Tunisie, comme ils l’ont déjà fait auparavant.