Tout compte fait, ce sont les Tunisiens qui sont les dindons de la farce de cette soi-disant interview obtenue dans des circonstances pour le moins bizarres.

Par Imed Bahri


 

Notre confrère Mohamed Boughalleb nous a transféré ses échanges d’emails avec l’avocat de Ben Ali, Akram Azoury, confirmant, de son point de vue, l’authenticité de l’entretien qu’il a réalisé avec l’ex-président et publié en deux parties, lundi et mardi, par le quotidien ‘‘Attounissia’’.

L’examen des pièces laisse cependant apparaître sinon une manipulation, du moins un malentendu… alimenté par les deux parties, «victimes actives et consentantes» d’une méprise entièrement assumée.


La Une d'Attounissia

L’entretien du siècle !

D’abord, il y a bien eu, de la part, du journaliste une demande d’interview, clairement exprimée, et une réponse positive de l’avocat qui a pris son temps pour renvoyer les réponses aux questions proposées à l’ex-raïs.

Ainsi, dans un email daté du 5 décembre, Me Azoury écrit à Mohamed Boughalleb : «La réponse à votre questionnaire est en préparation et vous comprenez évidemment que ça prenne un peu de temps». Dans un second email en date du 29 décembre, il note clairement : «Comme convenu, je vous prie de bien vouloir trouver les réponses du Président à votre questionnaire». L’email contient d’ailleurs, en fichier joint, le texte dudit entretien.

Reste que dans toutes les réponses aux questions, ce n’est pas Ben Ali qui parle à la première personne du singulier, mais c’est l’avocat libanais qui répond en son nom et à sa place : «Le président a dit ceci», «le président dément avoir fait cela», etc.


Akram Azoury

Les dindons de la farce

Quelqu’un a-t-il manipulé l’autre ? Les deux protagonistes se sont-ils fait manipuler l’un l’autre «à l’insu de leur plein gré» ?

En réalité, le journaliste et l’avocat trouvent respectivement leur compte dans cette interview qui n’en est finalement pas une. Le premier a obtenu son soi-disant scoop et le second a pu faire passer des éléments de défense de son client. Les deux autres bénéficiaires de l’opération sont : Ben Ali, qui marque quelques points en se présentant comme étant la victime d’un complot voire d’un putsch, et le journal ‘‘Attounissia’’, récemment créé et qui a besoin d’un coup de pub fut-il, en réalité, un coup de bluff. Voilà, c’est fait !


Mohamed Boughalleb

Dans tout cela, et en tenant compte de la teneur des réponses de l’ex-président, qui s’en sort plutôt à son avantage, les dindons de la farce sont, on l’a compris, les lecteurs d’‘‘Attounissia’’ et les Tunisiens d’une façon générale.

Imed Bahri

Tunisie. L’entretien de Ben Ali à ‘‘Attounissia’’ serait-il un faux?