Le partenariat entre Tunisie Telecom et le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) pose-t-il un problème déontologique ? Ce n’est pas l’avis des centaines de confrères à qui ce partenariat a facilité la vie.

Par Zohra Abid


 

Il y a quelques années, l’opérateur téléphonique a lancé une opération de partenariat avec le Snjt. C’était une opération de communication, rondement menée par l’opérateur téléphonique, car les journalistes sont une caste dont on aimerait éviter les coups de griffes, et si, en plus, on pouvait gagner leur sympathie, ce ne serait pas de refus.

La vocation de service public

On ne sait pas exactement qui a eu l’idée de cette opération. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que le bureau du Snjt et ses quelques 1.200 membres y ont adhéré. Cela n’avait rien de déshonorant. Car, tout en bénéficiant des facilités et offres liées à ce partenariat, les journalistes gardaient leur indépendance et leur liberté de jugement, et ils ne s’en privaient jamais, l’opérateur historique n’ayant eu droit à aucun ménagement particulier. Il ne l’a d’ailleurs pas demandé. Car, dans l’esprit de son management, Tunisie Telecom, qui a adopté les techniques agressives du marketing moderne, sans jamais s’écarter de sa vocation de service public, voulait simplement faciliter la vie des journalistes, qui sont de grands utilisateurs des technologies de la communication, et les faire accéder à ces technologies à des coûts supportables. Et puis, les journalistes, de par leur métier, qui les rend mobiles et présents partout, sont des clients – pour ainsi dire – «vendeurs». Autant dire que les deux parties, Tunisie Telecom et le Snjt, avaient beaucoup à gagner à engager ce partenariat mutuellement bénéfique.

Le journaliste à l’heure des nouvelles technologies

Sans un petit bloc notes, un stylo et un bon carnet de téléphones, le journaliste ne peut exercer le métier et, encore moins, y réussir. Ces 3 éléments, ensemble, sont donc son principal capital pour pouvoir communiquer, obtenir les informations et les communiquer à chaud et en temps réel au public. Aussi s’agit-il de rester constamment connecté aux autres afin de pouvoir les joindre et être joignable par eux à tout moment. Pour cela, les téléphones fixe et portable et l’accès au réseau Internet sont devenus des outils de travail plus que nécessaires.

Il suffit d’imaginer les «maigres» salaires des journalistes, ainsi que l’attitude de certains de leurs employeurs, qui ne les dotent pas des moyens nécessaires à leur travail, en dehors des bureaux, pour comprendre les raisons qui ont motivé la démarche du Snjt auprès de Tunisie Telecom et la réponse positive immédiate de l’opérateur.

Le Snjt, qui ne recule devant aucun moyen pour défendre la cause des journalistes, dans le cadre du respect de l’éthique du métier, a donc trouvé, auprès de l’opérateur téléphonique, l’appui recherché pour aider les journalistes à s’émanciper des contraintes financières liées à l’acquisition des équipements de télécommunication.

Ainsi, depuis plusieurs années, les adhérents au Snjt bénéficient de la gratuité des communications entre eux. Ce qui a soulagé, un tant soit peu, les poches des journalistes abonnés, à la fois, au syndicat et au réseau de l’opérateur historique. D’ailleurs, rien que pour profiter de cette offre, beaucoup de journalistes se sont décidés à adhérer au syndicat.

La convention entre le Snjt et Tunisie Telecom a été revue et enrichie à plusieurs reprises, la dernière fois en juillet dernier. Ainsi, malgré une année difficile, au lendemain de la révolution, et la crise sévissant dans le pays, l’opérateur a accepté d’élargir l’éventail de ses offres aux journalistes.

Suivre le rythme des innovations

Grâce à la convention signée, l’été écoulé, entre Nejiba Hamrouni, l’actuelle présidente du Snjt, et Ali Ghodbani, le Pdg de Tunisie Telecom, les journalistes ont pu acquérir des mobiles avec facilité et accès directement à l’Internet 3G, profitant d’un abonnement de trois mois gratuits, ainsi que de 50% de réduction pour les appels via Tunisie Telecom. Ainsi que 10 dinars d’unités versés gratuitement chaque mois aux abonnés bénéficiant des services Adsl.

Six mois après la signature de ce partenariat, le bilan semble satisfaisant. Des centaines de journalistes bénéficient de ce lot de gratuités offertes par la maison des télécoms.

«Plus de 1.000 journalistes ont profité de cette offre Corporate et plus de 700 ont acquis la clé 3G», a affirmé Nejiba Hamrouni à Kapitalis. Et d’ajouter que l’aide de Tunisie Telecom s’est avérée très précieuse. Et ce n’est pas tout !

Chaque année, Tunisie Telecom organise, début mai, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, un colloque consacré aux médias, nouveaux outils de communication et technologies de pointe. Et c’est, à chaque fois, une occasion pour les journalistes de prendre connaissance des nouveaux outils mis à leur disposition par les ingénieurs des télécoms et développeurs de logiciels de communication.

Faut-il s’en plaindre ou, plutôt, s’en féliciter ? Difficile de répondre, sauf que ceux qui s’en plaignent, en profitent aussi beaucoup.