La blogueuse Lina Ben Mhenni a porté plainte, lundi 30 janvier, contre le journal ‘‘Echourouq’’, pour un article, paru le 23 janvier, jugé diffamatoire à son égard.

Par Zohra Abid


Cet article accuse Lina Ben Mhenni (‘‘Tunisian Girl’’) d’avoir accordé une interview à un site israélien. Un article non signé, bien sûr. C’est la tradition des journalistes de Dar Al Anwar qui, lorsqu’ils veulent diffamer quelqu’un, ne signent pas leurs articles.

Interrogée par Kapitalis à propos de cette interview qui s’en prend à l’actuel gouvernement et à son pays la Tunisie, la blogueuse a nié avoir été contactée par des journalistes israéliens et dénonce les pratiques des journalistes qui continuent de publier n’importe quoi sans même l’interroger pour avoir son avis.

«Lorsqu’on m’insulte sur les pages Facebook, cela ne me dérange pas. Mais lorsqu’un journal le publie, là, ça devient autre chose. C’est pour cette raison que je suis allée hier au procureur de la république et j’ai déposé une plainte contre le journal arabophone», a-t-elle dit. Et d’ajouter qu’il est vrai qu’elle a donné une interview, le 27 octobre dernier, à un journal suisse, mais elle n’a jamais insulté le gouvernement actuel. Selon elle, à l’époque, les élections n’avaient pas encore eu lieu. Il est vrai, dit-elle qu’elle a déclaré ses craintes face à la montée des islamistes au pouvoir mais, n’a jamais insulté personne.


Tunisian Girl

«Début novembre, un site israélien a repris un morceau de mon interview et l’a publié en citant sa source. Et pas plus. Je me demande pourquoi le journal a choisi ce moment, c’est-à-dire près de deux mois après pour en parler ? Je me demande aussi pourquoi, a-t-il choisi un titre effrayant et qui m’accuse d’insulter ma Tunisie ? Il faut que le (ou la) journaliste qui n’a même pas eu le courage de signer son article, respecte enfin la déontologie du métier», a-t-elle prévenu.

Lina Ben Mhenni est décidée dorénavant à ne plus se laisser faire, à porter plainte contre toute personne qui cherche à nuire à son image et porter atteinte à sa personne. Surtout lorsqu’il s’agit de diffamation et dit «Au prochain !».

Lina Ben Mhenni était l'une des actrices les plus courageuses de la guerre menée contre Ben Ali. Ce n’est pas le cas du journal ‘‘Echourouq’’, son pourfendeur du jour, qui était l’un des instruments de la propagande de l’ignoble dictature.

Lina Ben Mhenni a été nominée en 2011 pour le Prix Nobel de la Paix avec d’autres blogueuses arabes. Et même si on a finalement donné ce prix à d’autres femmes, cette nomination fait honneur à la jeune universitaire (qui écrit en trois langue : arabe, français et anglais) et à son pays.

On ne peut pas en dire autant d’‘‘Echourouq’’ qui, deux décennies durant, s’est fait spécialité de diffamer les opposants à Ben Ali, y compris le président de la République Moncef Marzouki, le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar et le chef du Gouvernement Hamadi Jebali, pour ne nommer que ceux-là (excusez du peu). Aujourd’hui, le vent ayant tourné, on ne s’étonnera pas de voir ce journal se mettre au service d’Ennahdha et de la Troika.

Notons que Lina Ben Mhenni a publié, il y a quelques mois, aux éditions Cérès, à Tunis, une petite plaquette réunissant certains de ses textes consacrés à la révolution arabe sous le titre ‘‘Tunisian Girl : Blogueuse pour un printemps arabe’’.