Iqbal Gharbi attendra encore un ultime recours aux tribunaux pour espérer pouvoir intégrer sa fonction de directrice de Radio Zitouna…
Par Marouen El Mehdi
C’est que, depuis sa nomination officielle, l’universitaire spécialiste d’histoire et de civilisation islamique a été empêchée de rejoindre son bureau au sein de cette radio qui appartenait, faut-il le rappeler, à Sakhr El Matri, gendre de Ben Ali.
Mohamed Machfar, le prédicateur folklorique
Or, la commission de saisie des biens de l’ex-président et des membres de sa famille a nommé, légalement, Iqbal Gharbi au poste de directeur, mais des évènements inattendus ont surgi, depuis, pour mettre en échec cette nomination.
Les manœuvres du cheikh Mohamed Machfar
La nouvelle directrice a été chassée par des personnes inconnues qui n’ont pas hésité à la menacer et à agir plus durement si jamais elle osait mettre les pieds dans les locaux de ladite radio. De même, Mohamed Machfar, l’ancien directeur par intérim, continue à user de ficelles pour éloigner la nouvelle directrice puisqu’il refuse d’assurer la passation, et ce, contrairement à la loi.
Cette affaire a été au menu de la conférence de presse organisée jeudi au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt). Me Najet Yaâcoubi, avocate d’Ikbel Gharbi, en a profité pour dévoiler les péripéties de cette étrange affaire.
Tout a commencé par le licenciement de deux journalistes, Ghofran et Imen Hsaini pour s’étendre à des actes plus graves, dont le refus de laisser la nouvelle directrice prendre ses fonctions.
Mohamed Machfar, l'obligé de Sakhr El Matri
L’avocate a mis à l’index sur la façon dont la justice use pour traiter cette affaire puisque les coupables sont en train d’agir en contradiction avec la légalité. Pire encore, une commission émanant du ministère des Finances a nommé un nouveau directeur à la tête de cette radio. Le ministère a justifié sa décision par le fait que cette radio allait connaître un arrêt presque total et qu’une solution d’urgence était nécessaire, précisant que le ministre «n’était pas au courant des détails de la nomination d’Iqbal Gharbi et de son empêchement de prendre ses fonctions» ! Une justification qui serait dérisoire et ridicule, si elle n’émanait pas d’une autorité publique, censée respecter les décisions officielles.
«Protection de la vertu et prévention du vice»
Alors, qui se tient derrière ces manipulations ? Tout porte à croire, selon l’avocate, que les membres d’une association pas encore légale, portant le nom de «Protection de la vertu et prévention du vice», et son chef, un certain Adel Almi, ont pris les commandes à Radio Zitouna et ce sont eux qui décident de tout ! Saisie à ce propos, la justice a reconnu le droit d’Iqbal Gharbi à prendre ses fonctions, mais aucune poursuite n’a encore été lancée contre ceux qui continuent d’occuper les lieux et d’imposer leur volonté.
Mohamed Machfar
Pour sa part, le Syndicat des journalistes tient au respect de la loi et des mesures prises par la justice, et a même évoqué la situation de cette radio lors de l’entretien accordé par Moncef Marzouki, le président provisoire de la République, aux membres du bureau exécutif du Snjt, en attendant une seconde rencontre similaire avec Hamadi Jebali, le chef du gouvernement provisoire.
Verra-t-on le Gouvernement intervenir énergiquement dans cette affaire et prendre le taureau par les cornes ? Osera-t-on poursuivre les membres et le président de cette association illégale qui ont semé la zizanie au sein de cette radio ?
Les observateurs, croyant à un certain moment que tout ce qui se passait à Radio Zitouna était toléré (ou manigancé) par Ennahdha, le parti au pouvoir, pensent à présent que le Gouvernement a une bonne occasion pour démontrer qu’il n’en est rien, en rétablissant le droit d’Iqbal Gharbi (qui est celui de l’Etat qui l’a nommée) et permettre à cette radio de fonctionner loin de toute ingérence externe. A défaut, les choses deviendraient plus claires pour tout le monde…