Lors du meeting de Monastir, samedi, organisé par des centristes sous la houlette de l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, le journaliste Lotfi Hajji a été agressé dans la salle alors qu’il couvrait l’événement.


L’agression a eu lieu dans la salle couverte Mohamed Mzali, lors du meeting organisé par des disciples de Bourguiba, des gens de l’opposition et d’anciens destouriens et même des Rcdistes (du parti dissous, le Rcd) nouvellement convertis aux vertus de la démocratie et plusieurs hommes d’affaires de la région.

«La Jazira la Qatar, chaâb tounes chaâb horr»

Avant de s’attaquer à Lotfi Hajji et son cameraman, plusieurs personnes se disant démocrates et modernistes, brandissaient des drapeaux tunisiens et scandaient des slogans contre la chaîne qatarie Al Jazira, dont Lotfi Hajji est le correspondant en Tunisie. «Nida Al Watan, la Jazira la Qatar, chaâb tounes chaâb horr» (Appel de la nation, ni Al Jazira ni Qatar, le peuple tunisien est libre), criaient-ils notamment avant d’agresser physiquement l’équipe de la chaîne. Lotfi Hajji et son équipe ont pu cependant faire leur travail après une intervention énergique de M. Caïd Essebsi qui a rappelé les éléments surchauffés à l’ordre. Le soir, Al-Jazira a diffusé un reportage sur le meeting, tout en soulignant l’agression dont ont été victimes ses journalistes.

Samedi soir, le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a condamné cette agression. La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (Ltdh) a, aussi, rendu public un communiqué dénonçant les agressions répétées sur les journalistes qui n’ont rien à voir ni avec les partis ni avec l’idéologie de quiconque. Mais sont seulement en train de couvrir les évènements.

La chasse aux journalistes

Cet incident n’est pas le premier du genre. Les journalistes sont très souvent pris pour cible. Il suffit qu’ils déplaisent à quelques parties pour qu’ils soient agressés verbalement et physiquement.

Lors de l’affaire Nessma TV devant le tribunal de Tunis, lundi 23 janvier, Zied Krichen, directeur de la rédaction du quotidien arabophone ‘‘Al Maghreb’’, et l’universitaire Hamadi Redissi, venus soutenir Nabil Karoui, patron de la chaine de télévision privée, accusé pour avoir diffusé le 7 octobre 2011 le film franco-iranien ‘‘Persépolis’’, ont été agressés verbalement et physiquement par des extrémistes religieux.

Entouré de ses camarades de la même idéologie, l’auteur de l’agression ne s’est pas caché. Sur la vidéo partagée par des milliers d’internautes, l’homme en question a commis son acte en présence de la police qui a escorté Zied Krichen et Hamadi Redissi jusqu’au poste de la police pour porter plainte. Malgré les condamnations multiples, l’agresseur court encore dans la nature.

Les agressions sur les journalistes semblent ne pas venir seulement d’un seul côté. Pris dorénavant entre l’enclume et le marteau, ils sont agressés par l’un ou l’autre adversaire, et jusque-là, dans une totale impunité.

Z. A.