C’est par le biais de son chauffeur que Habib Belaïd a appris, ce matin, son remplacement à la tête de l’Etablissement de la radio nationale par un technicien du nom de Mohamed El Mouaddeb. Cela ne s’invente pas…
Interrogé par Kapitalis au téléphone, Habib Belaïd, n’a pas caché son amertume. «J’ai atteint l’âge légal de la retraite et je m’attendais, bien sûr, à passer le témoin à un autre, mais pas d’apprendre mon départ de cette façon. Personne du gouvernement n’a cru devoir me prévenir à l’avance, ne fut-ce que par un coup de fil. La nomination officielle de mon successeur est datée du 17 avril et le décret portant sa nomination a été publié sur le Journal officiel de la république tunisienne (Jort) le 20 avril. Et c’est seulement aujourd’hui que je l’apprends au sortir d’une réunion, qui plus est, par mon chauffeur, qui, lui-même en a entendu parler dans les couloirs de la radio».
Voilà pour l’anecdote, et qui en dit sur la manière avec laquelle le gouvernement entend gérer le dossier épineux de la réforme des médias publics dans le pays. Mais qui est Mohamed El Mouaddeb?
Cet illustre inconnu est «un simple technicien sans envergure», nous ont répondu des confrères de la Radio nationale, qui n’auraient jamais imaginé voir leur institution – qui a vu défiler à sa tête la crème de la profession – dirigée un jour par un technicien.
«Avec tout le respect que nous avons pour nos collègues techniciens, que nous admirons pour leurs qualités professionnelles et humaines, nous pensons que la direction d’une radio est une affaire de journaliste», nous dit un confrère. «Je ne suis pas surpris, mais écœuré» ajoute-t-il. Et d’enchaîner: «Après un producteur exécutif à la tête de l’Etablissement de la télévision tunisienne (Adnène Khedher), un technicien à la tête de l’Etablissement de la radio nationale ne surprend plus de la part de l’actuel gouvernement qui a un gros problème avec les médias».
Imed Bahri