Le directeur d’un journal entre en grève de la faim pour protester contre l’attribution de la publicité des entreprises publiques au prorata de l’allégeance au parti au pouvoir Ennahdha.
Nebil Jridet, directeur fondateur d’‘‘Al Oula’’, 1er hebdomadaire tunisien indépendant en langue arabe paru après la révolution, confirme dans un communiqué qu’il entame aujourd’hui «une grève de la faim sauvage».
Notre confrère rappelle avoir publié un communiqué, le 3 mai, dans lequel il menace d’entrer dans une grève de la faim sauvage, et d’en avoir fait part à la présidence de la république, au chef du gouvernement, au président de l’Assemblée nationale constituante (Anc) et aux divers représentants des structures gouvernementales et aux médias. Mais «en l’absence de tout écho venant des structures gouvernementales», il s’est décidé à entrer en grève de la faim pour protester contre «la propagation de la corruption et du favoritisme en matière de répartition de la publicité publique entre les journaux», «la poursuite de la politique de l’indifférence affichée par les entreprises publiques» à l’égard de ses multiples correspondances et «leur non respect des lois organisant les achats publics», ainsi que «la distribution de la publicité publique en fonction de l’orientation politique partisane basée sur l’allégeance au parti au pouvoir Ennahdha ou, encore, au profit des journaux pseudo-indépendants ayant une ligne éditoriale nahdhaouie sans aucun appui légal ou données statistiques réelles».
M. Jridet souligne, par ailleurs, dans son communiqué, «l’extinction de journaux sérieux et crédibles parus tous après la révolution en raison de leur privation de la publicité publique et des différents obstacles placés, d’une part, par des forces économiques qui monopolisent les circuits de distribution des journaux et, d’autre part, par des forces politiques qui interférent dans le domaine de la répartition équitable de la publicité publique», par allusion au parti au pouvoir Ennahdha.
«Devant l’indifférence du gouvernement face à cette affaire urgente et délicate et l’absence d’instructions claires et précises aux entreprises publiques pour l’adaptation de normes transparentes dans la distribution de la publicité publique, et son refus de trouver, même partiellement, des solutions pour sauver les nouveaux journaux indépendants et les aider à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent» et «face au silence continu devant les agissements des journaux spécialisés dans la diffamation, les scandales et le sensationnel et le grand soutien financier qui leur est fourni à travers l’insertion de la publicité publique», Nebil Jridet a décidé d’entamer une grève de la faim sauvage et ouverte «et ce jusqu’à ce que le gouvernement trouve des solutions tangibles (même partielles) pour instaurer l’équité et la transparence dans la répartition de la publicité publique dans le strict des lois organisant le secteur, tout en faisant assumer la responsabilité au gouvernement de toutes les complications pouvant survenir suite à cet acte de désespoir.»
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