Le conseil de rédaction de la Radio nationale, récemment élu, est considéré «nul et non avenu», déclare Mohamed Meddeb, le nouveau Pdg de l’Etablissement de la Radio Tunisienne.


Autant la direction générale de la Radio Tunisienne veille à ne pas interférer dans la ligne rédactionnelle, autant «elle ne tolère pas la mise en place d’instances illégales, au service d’intérêts personnels et partisans», a affirmé, dans un communiqué rendu public dimanche (cela ne pouvait attendre lundi!) ce nouveau directeur, technicien de son état, nommé récemment par le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha.

La botte du… «gouvernement élu»

M. Meddeb, qui affirme ne pas vouloir «interférer dans la ligne rédactionnelle» (elle est, en effet, l’affaire des journalistes), ne se gêne pas de dénoncer ce qu’il appelle «la constitution d’un groupe de journalistes réputés pour leur allégeance à l’ancien régime sur la base de textes juridiques non encore réactivés», tels que le décret-loi n°115, ainsi que d’une décision administrative de l’ancien directeur, dans l’objectif d’imposer une direction parallèle qui empiète sur les prérogatives de l’actuelle direction issue d’un gouvernement élu», ajoute le communiqué.

Il convient de rappeler ici que le décret-loi 115 a été adopté par l’ancien gouvernement Béji Caïd Essebsi et publié sur le Journal officiel de la république tunisienne, le 2 novembre 2011. Et qu’il est donc légal, même si le gouvernement actuel, dominé par Ennahdha – et qui a nommé M. Meddeb – voudrait l’enterrer, car il est trop libéral à ses yeux et limite les prérogatives du gouvernement dans la gestion des affaires du gouvernement.

Commentant ladite décision, le membre de l’Instance nationale de la réforme de l’information et de la communication (Inric), Hichem Senoussi, a déclaré qu’il est bien établi dans les démocraties modernes «qu’une séparation nette et claire doit être accomplie entre l’administratif et le rédactionnel».

Qui a peur des médias publics indépendants

«On se demande si le nouveau Pdg a un problème avec les symboles de l’ancien régime ou avec la restructuration des services de la Radio nationale conformément aux standards des médias publics indépendants», s’est-il aussi  interrogé.

Ce qui importe pour l’Inric et le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), c’est que les élections ont abouti à «un consensus entre tous les journalistes de la radio», a souligné M. Senoussi.

Pour ce qui est des accusations portées contre certains journalistes, il est attendu du Pdg, en sa qualité de responsable de tous les journalistes de l’établissement, qu’il fournisse des preuves à ses accusations, a indiqué le membre de l’Inric.

«Il est impératif de s'atteler aux questions essentielles du secteur», a-t-il dit, se déclarant étonné de l’absence de volonté politique claire concernant le parachèvement de la réforme de l’information.

I. B. (avec Tap).

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