Il a fallu près d’une semaine pour que le ministre de la Culture condamne les menaces de mort proférées contre nombre d’artistes et créateurs par des islamistes radicaux.
Dimanche 10 juin, plusieurs artistes exposant au palais El-Abdellia de la Marsa, dans le cadre du Printemps des Arts, ont reçu - via les réseaux sociaux ou des Sms - une pluie de menaces de mort. Les auteurs ne sont autres que des intégristes religieux encouragés par certains imams. Ces derniers accusent les artistes et créateurs de mécréants qui attentent au sacré et qui, pour cela, selon la charia, méritent la mort!
La colère des artistes
Samedi 16 juin et après avoir (lui et le chef du gouvernement provisoire et le président de l'Assemblée constituante) accusé auparavant les artistes du Printemps des Arts d'avoir attenté au sacré, le président de la république Moncef Marzouki a condamné les appels au meurtre. Dans l’après-midi, un autre communiqué a suivi celui de la présidence. Il s’agit de celui du ministre de la Culture qui a exprimé son refus inconditionnel de toute forme de menace physique ou morale.
Le ministre a été grandement critiqué pour avoir décidé la fermeture du palais d’El-Abdellia qui a abrité l’exposition incriminée du 1er au 10 juin, ainsi que pour sa position partiale concernant les artistes du Printemps des Arts, qualifiés, par lui, d’autodidactes. Est-ce pour se rattraper qu'il a lancé un appel aux autorités sécuritaires et judiciaires pour qu’ils prennent les mesures nécessaires afin de protéger les artistes.
Vendredi 15 juin, sous la houlette de Amor Ghedamsi, secrétaire général du Syndicat des artistes-peintres, les artistes (poètes, comédiens, cinéastes, romanciers…) ont décidé de porter plainte contre 3 ministres dont celui de la Culture, qui a contribué à alimenter la colère des salafistes extrémistes. Le même jour dans l’après midi, des Tunisiens de France soutenus par des artistes du monde, se sont donné rendez-vous à Paris où ils ont dénoncé le comportement du ministre Mehdi Mabrouk.
Selon certains, ce dernier doit présenter ses excuses aux artistes. Selon d’autres, il est mal placé pour faire des jugements de valeurs sur les œuvres d’art et par sa position, il menace la liberté d’expression et doit démissionner.
Affaire à suivre.
I.B.