«Les œuvres de Abdelaziz Gorgi, d’Ali Bellagha, de Nello Levy et les autres se trouvant à Skanes (Monastir) sont dans un état lamentable. Il faut vite sauver ce patrimoine», a lancé, sur un ton inquiet, Aïcha Gorgi, la galeriste de Sidi Bou Saïd.


«Là, il ne s’agit pas de croûtes. Mais d'œuvres, qui plus est, signées par des figures majeures de l’art en Tunisie et qui appartiennent à la mémoire collective. Les voir dans des espaces délabrés et dans quel état, ça fait», dit à Kapitalis Aïcha Gorji, avec un gros pincement au cœur.

Après avoir vu, sur le petit écran, un reportage réalisé par Hannibal TV, et qui met en relief des œuvres d’artistes tunisiens, comme  Abdelaziz Gorgi, Nello Levy, Ali Bellagha, Aïcha, fille de feu Gorgi, n'en revient pas. «Ce n’est pas parce que je suis la fille de Gorgi que je m’inquiète, mais ceci appartient au pays. Comment laisse-t-on dans des espaces abandonnés et inappropriés des œuvres  de Gorgi, Levy et Bellagha. C’est inadmissible», a-t-elle martelé. Et de lancer un cri d’alarme pour que l'on se dépêche au palais de Skanes (vendu par les Trabelsi) où se trouve un lot de peintures de bonheur, ni bien conservées, ni restaurées. «Leur place est dans des musées sinon, elles vont s’esquinter avec le temps», a ajouté l’artiste.

«Je parle comme une citoyenne tunisienne, fière de sa culture et de son patrimoine. Je parle comme une femme qui veut réhabiliter ces œuvres qui font partie de notre histoire et de notre mémoire collective. Comment pourrons-nous avancer dans la construction de notre pays si on a autant de dédain pour notre passé, autant de mépris pour nos artistes ?», s'est-elle demandé. Et d’ajouter qu’il y a péril en la demeure et qu’il est urgent d’intervenir pour sauver le patrimoine sacré de tous les Tunisiens, car «la place des œuvres est dans les musées» et non dans des hangars et autres espaces délaissés.

Ceci concerne aussi toutes les œuvres achetées par le ministère de la Culture et gardées quelque part à Ksar Saïd (près de Tunis). Ainsi que toutes les œuvres achetées par la municipalité de Tunis avec l’argent du contribuable et dont le citoyen n’a aucune idée de l’espace qui les abrite.

I. B. (avec Tap)