Exit la variétoche libanaise siliconée. Mashrou’ Leila, groupe beyrouthin de rock alternatif, a donné, mardi, un concert dans le cadre de Mousiqa Wassalem. Ambiances.
Par Thameur Mekki
Dès l’intro, l’effet distorsion de la guitare annonce la couleur. Le violon affiche la nuance. La batterie revendique le groove. Et la basse la réconforte. Le violon rappelle l’arabité du combo. Quant au clavier synthétiseur, il cherche à réconcilier cette pléiade d’instruments en les réunissant autour de ses thèmes. C’est du rock alternatif arabe fondu, mardi 19 juin, sur la scène de l’esplanade du Musée de Carthage, défendu par Mashrou’ Leila.
Public acquis d’avance
Aussi hanté par la musique jouée par son groupe que par le cynisme de la rock attitude, le chanteur déambule sur scène et clame, haut et fort, un premier morceau aux paroles trash. A l’instar des autres morceaux du groupe, ce track est en arabe dialectal libanais. Désillusions sentimentales, marginalisation, commérage beyrouthin et autres absurdes anecdotes du quotidien sont les thèmes des chansons de Mashrou’ Leila.
Les environ 600 personnes assistant au concert commencent à découvrir le combo en live. «Imm El Jacket», «Fasateen», «Shim El Yasmine»… le public réagit avec enthousiasme aux premières notes de chacun de ces morceaux découverts par les Tunisiens sur les pages du web. Certains se sont même livrés à un jeu avec le chanteur en essayant d’imiter ses youyous. Toutefois, les membres de Mashrou’ Leila ne se sont pas contentés d’être dans le confort d’interpréter des tracks à succès. «Nous travaillons actuellement sur un nouveau CD. Nous allons vous présenter quelques chansons de ce nouveau projet. Ils sont encore en cours d’écriture», lance Hamed Sinno, le chanteur du groupe, avant de lever le voile sur «Ala bab», morceau extrait du nouvel album.
Inachevé… et ça s’entend
L’étalage de cette sorte de work in progress continue. «Nous n’avons même pas fini d’écrire les paroles de ce morceau», relève Hamed Sinno en poursuivant avec un autre track. Il balbutie et se réfugie dans du scat et des onomatopées pour combler les vides. La mélodicité orchestrée par le violon de Haig Papazian appuyée par la guitare électrique d’André Chedid se manifeste. La charge rythmique proférée par la batterie de Carl Gerges avec le consentement de la basse d’Ibrahim «Sketchy Bob» Badr dicte au chanteur ses pas sur la scène. Soutenue par le guitariste Firas Abu-Fakhr qui abandonne, de temps à autre, son instrument pour hisser son tar, la section rythmique se retrouve renforcée. Omaya Malaeb, aux keyboards, injecte les notes de son claviers et de multiples effets sonores parfois insolubles dans le cocktail proposé par Mashrou’ Leila. Et le chanteur Hamed Sinno bascule, avec peu d’aisance, entre les graves et les aigus.
«Im-Bim-Billilah», «Raksit Leyla» ou encore «Ghadan yawmoun afdhal», adaptation originale du célébrissime track du groupe anglais Gorillaz intitulé «Clint Eastwood» viennent annoncer la fin du concert. D’anciens morceaux à succès. De quoi faciliter l’atterrissage pour les musiciens de Mashrou’ Leila ainsi que pour un public dont les clameurs attestent de son intact enthousiasme.
Photos: Yassine Meddeb Hamrouni