Fermé par décision ministérielle le 12 juin, cet espace culturel sera rouvert et abritera une partie des soirées estivales. Pourvu que les salafistes extrémistes ne rôdent pas tout autour et ne nous refassent pas leur show.


Suite à l’affaire dite du palais El-Abdellia (à la Marsa), ancienne demeure beylicale qui a abrité du 1er au 10 juin l’exposition du Printemps des Arts, jugée par des extrémistes religieux comme portant atteinte au sacré, le ministre de la Culture a décidé de fermer l’espace et de poursuivre en justice l’association organisatrice de l’événement. Dix jours après, et suite à la vague de critiques à son encontre, Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture, est revenu sur sa décision.

Y aura-t-il une réconciliation entre les artistes et leur ministre?

M. Mabrouk a notamment annoncé, sans donner plus de détails, qu’il y aura une nouvelle direction aux commandes de l’espace. «Pourvu que le nouveau directeur ne soit pas contre la liberté d’expression!», commentent les artistes.

Le ministre a prévu aussi, dans la semaine qui vient, une rencontre avec Amor Ghedamsi, président du Syndicat des artistes plasticiens. Ce dernier a annoncé, le 16 juin, lors d’une conférence de presse qu’il allait porter plainte contre trois ministres, y compris celui de la Culture, qui se sont attaqués aux artistes et ont émis des jugements partiaux en donnant même raison aux extrémistes religieux qui accusaient les artistes d’atteinte à la religion.

La rencontre portera sur le retrait de la plainte et d’une éventuelle réconciliation entre le représentant des artistes plasticiens et leur ministre. «Si Amor est un grand ami de longue date», a déclaré le ministre Mabrouk, jeudi sur Al-Watanya 1.

L’extrémisme, un fantôme qui court toujours en liberté

Le 10 juin 2012, des extrémistes religieux – poussés et manipulés par Mohamed Ali Bouaziz, huissier de justice et ancien propagandiste de Ben Ali, converti aujourd’hui en nahdhaoui et en un islamiste pur et dur – ont appelé au meurtre de plusieurs artistes et politiques et se sont soulevés dans plusieurs villes du pays incendiant des biens publics et privés et s’affrontant avec les forces de l’ordre. Bilan: un mort et plusieurs blessés.

L’huissier en question a été arrêté avant d’être relâché il y a deux jours.  Il devra comparaître le 4 juillet devant le tribunal en état de liberté.

Les imams de Jendouba, Sousse et autres activistes religieux ont été arrêtés puis mis en liberté. En colère contre les juges, le Syndicat régional des forces de l’Ordre à Sousse a dénoncé, dans un communiqué, la libération de ces hommes grandement impliqués dans les violences et les incendies et dont il détient toutes les preuves.

Du côté des autorités, le silence complet… «La justice est indépendante», allègue-t-on, sans démagogie aucune.

I. B.