Après avoir programmé ‘‘Bourguiba, dernière prison’’, pièce de théâtre de Raja Farhat, le Festival international de Hammamet est revenu sur sa décision. S’agit-il d’une censure, surtout que Bourguiba donne des cauchemars aux islamistes au pouvoir?
Selon Raja Farhat, le comité de la direction du festival de Hammamet «a dû annuler le contrat signé pour présenter la pièce ‘‘Bourguiba, dernière prison’’, prévue pour le 23 juillet». L’homme de théâtre, qui s’exprime sur sa page Facebook, a aussi annoncé sur un ton ironique que le festival de Sfax a également suivi «cette sage décision de la bureaucratie de la culture».
Kapitalis a contacté par téléphone un responsable du ministère de la Culture pour comprendre les raisons de cette annulation. «Le programme à ce que je sache n’est pas encore bouclé. Puis Fathi Haddaoui travaille en toute indépendance et c’est lui qui s’en occupe et non le ministère», a précisé Samir Massoudi, chargé de la communication au ministère de la Culture.
De son côté, Fathi Haddaoui, directeur du Festival international de Hammamet a préféré ne pas se prononcer sur cette décision. «Nous allons dévoiler le programme lors d’une conférence de presse qui aura lieu très prochainement», s’est contenté de répondre le directeur du Festival de Hammamet. Et inutile d’insister, il n’en dira pas plus.
Raja Farhat qui s’est étonné d’apprendre que Bourguiba ne passera pas ni à Hammamet ni à Sfax, continue de promouvoir sa création qui connaît un franc succès depuis 2011. «Ce travail qui connait un grand succes depuis six mois ne s’arrêtera pas. Il est applaudi par le seul juge en la matière: le public», qui l'accueille, selon son auteur, avec ferveur et qui l'accueillera encore et encore pendant tout les mois de juillet (pendant le mois de Ramadan) et d’août.
‘‘Bourguiba, dernière prison’’ fera une tournée maghrébine, européenne et américaine.
A propos de cette annulation, le public s’est déchaîné, accusant le nouveau gouvernement de chercher à ligoter les talents et à museler la liberté d’expression. «Il s’agit d’un retour progressif à la dictature». «Le gouvernement dominé par Ennahdha, a horreur du nom de Bourguiba et la modernité le dérange. Cette décision a des objectifs politiques». «Comme par hasard, cette décision tombe avec le grand retour de Béji Caïd Essebssi qui commence à bousculer les partisans d’Ennahdha par son charisme, sa modernité et cette pièce est considérée comme une campagne électorale à l’Appel de la Tunisie (le parti du bourguibiste Caïd Essebsi,Ndlr)», commentent des facebookers. Qui ajoutent que l'actuel gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha cherche à effacer un chapitre de l'histoire de la Tunisie.
Z. A.