L’agence Tap a organisé, vendredi, une rencontre-débat sur «la production dramatique télévisuelle de ramadan 2012», avec la participation de Hamadi Arafa, Fathi Haddaoui, Néjib Ayed, Amel Alouène et Dhafer El Abidine.


 

Les invités à cette rencontre représentent les trois principales productions dramatiques présentées au cours du mois saint: ‘‘Onkoud el Ghadab’’ (Grappe de la colère), diffusé sur la chaîne Watania 1, du réalisateur Naim Ben Rhouma, ‘‘Pour les yeux de Catherine’’, réalisé par Hamadi Arafa sur Nessma TV, et ‘‘Maktoub III’’ du réalisateur Sami El Fehri diffusé sur la chaîne Ettounisia.

Les interventions ont porté sur la situation de la production dramatique tunisienne et aux moyens de la promouvoir.

Hamadi Arafa: «Les jeunes et les privés en première ligne»

Le réalisateur Hamadi Arafa pense qu’en dépit de la faiblesse quantitative de la production dramatique, cette année, plusieurs points positifs ont été enregistrés comme l’engagement de chaînes privées, et en particulier Nessma TV, dans la production de feuilletons, la multiplication des sitcoms, produits par des sociétés privées, et la participation de jeunes scénaristes, réalisateurs et techniciens à cette aventure.

Hamadi Arafa a, par ailleurs, souligné que le feuilleton ‘‘Pour les yeux de Catherine’’ a été l’occasion pour l’utilisation de nouvelles techniques qui ont conféré une esthétique particulière à l’image.

Il a ajouté que le thème du feuilleton a été traité dans le cadre de la liberté, fruit de la révolution, formulant l’espoir de voir ce processus se poursuivre à l’avenir.

Néjib Ayed: «La facilité du recours aux sitcoms»

Quant à Néjib Ayed, producteur, il a estimé que le phénomène des sitcoms ne constitue pas un bon signe pour le secteur, car il dénote une défaillance au niveau de la production, du moment que ce genre est fondé sur l’improvisation et nécessite peu d’efforts.

Il a, d’autre part, invité les chaînes publiques et privées à réhabiliter les scénaristes au plan matériel et moral. Il a également demandé à ces chaînes de réserver leur rôle à la diffusion de feuilletons et à ne pas prendre en charge la production qui est, selon lui, l’apanage des sociétés privées afin d’ouvrir de réelles perspectives aux nouveaux talents et compétences.

Fathi Haddaoui: «La Tunisie peut devenir un pôle arabe de production dramatique»

Le comédien Fathi Haddaoui a insisté sur l’importance du respect de la déontologie du métier au niveau du scénario, du tournage, du casting et des autres exigences artistiques et financières, considérant que la Tunisie pourrait devenir un pôle arabe attractif en la matière, car elle est une destination prisée pour le tournage de plusieurs films mondiaux et dispose d’écoles de cinéma et de techniciens talentueux.

Par ailleurs, et en tant que directeur du Centre culturel international de Hammamet, Fathi Haddaoui souhaite organiser une rencontre, en collaboration avec le ministère de la Culture, impliquant de grands producteurs et réalisateurs arabes pour les inciter à produire de feuilletons, à partir de la Tunisie, avec la participation de comédiens et techniciens tunisiens.

La comédienne Amel Alouane a mis en exergue l’importance de créer des ateliers d’écriture de scénario, estimant que les scénaristes devraient écrire leurs projets en fonction du casting, une idée qui n’a pas fait l’unanimité.

Dafher El Abidine: «Davantage d’intérêt pour l’écriture de scénario»

De son côté, Dafher El Abidine, l’un des protagonistes du feuilleton ‘‘Maktoub 3’’, a recommandé, lui aussi, de s’intéresser davantage à la formation dans le domaine de l’écriture de scénario, ajoutant qu’un feuilleton peut être écrit par plusieurs scénaristes, afin de mieux maîtriser le sujet et d’impulser la production.

Le débat a porté sur l’importance de la liberté d’expression dans la production des feuilletons, estimant, cependant, que les restrictions peuvent émaner non seulement de l’autorité politique, mais surtout de la société.

L’autocensure est encore présente et elle est souvent liée à la culture de l’individu et des us et coutumes, ont affirmé certains intervenants. Ils ont, aussi, évoqué la question fondamentale de la commercialisation de la production dramatique tunisienne. Ils ont, à ce propos, soulevé la problématique du dialecte tunisien et sa capacité de s’imposer ou pas, en dehors des frontières nationales, ainsi que le développement des ressources humaines et de l’infrastructure de l’industrie dramatique.

Source: Tap.