Le spectacle de l’humoriste Lotfi Abdelli, prévu ce soir à Menzel Bourguiba, risque de ne pas avoir lieu. Des salafistes extrémistes sont déterminés à l’empêcher.
Ces derniers ont déjà investi les lieux, mis des nattes et se préparent pour une soirée de lecture du Coran. Et cela ne s’invente pas. Désormais, au pays d’Ennahdha, dont l’indulgence à l’égard des salafistes n’a pas de limite, l’art est menacé dans son existence même.
L’humoriste, contacté par Kapitalis, affirme avoir reçu des informations selon lesquelles un imam a appelé les habitants à venir assister à une séance religieuse de la Nuit du Destin dans le lieu où il doit se produire et que des extrémistes religieux menacent de le tuer s’il foule encore une fois le sol de Menzel Bourguiba (au nord de Tunis). Et Abdelli d’ajouter qu’il n’a pas peur pour lui mais pour le public qui a acheté déjà les billets et qui insiste pour assister au spectacle.
«On a déjà annoncé ma mort sur des pages Facebook et ma mère a eu le choc de sa vie. C’est vraiment incorrect et malheureux que l’on arrive à ce point. Depuis que je critique dans mes spectacles le comportement de la police sous le gouvernement islamiste, cette dernière ne veut plus me lâcher et elle est sans aucun doute derrière la réaction de l’imam de Menzel Bourguiba. J’hésite encore à aller ce soir à Menzel Bourguiba, car il y a risque à ce que le spectacle dégénère en une rixe entre mon public et les extrémistes», a encore affirmé Abdelli, joint mardi après-midi par téléphone.
Depuis le début des festivals, le torchon brûle entre Lotfi Abdelli et les agents de l’ordre qui ne veulent plus assurer la sécurité de ses spectacles, même ceux programmés par le ministère de la Culture. Ce qui a poussé l’artiste à faire appel à une agence privée.
Z. A.