altNadia Jelassi, l’une des artistes ayant exposé au Printemps des arts, a été entendue mardi par le juge d’instruction de Tunis, qui l’a laissée en liberté mais après avoir rempli une fiche anthropométrique.


L’affaire de l’exposition du palais El-Abdellia à la Marsa (1er -10 juin) n’est pas encore classée. Les fauteurs des troubles parmi les extrémistes religieux courent dans la nature. Ce sont les artistes qui sont inquiétés. C’est le cas de Mohamed Ben Slama (actuellement en France) et Nadia Jelassi, maître de conférence et chef de département aux Beaux-Arts d’El-Omrane, les seuls à être poursuivis par la justice pour atteinte au sacré.

En juillet, Mme Jelassi a été convoquée et entendue à 2 reprises par la police judiciaire de La Marsa.

L’artiste a été de nouveau convoquée, le 17 août, mais cette fois-ci par le juge de la 2e Chambre du tribunal de Tunis, qui l’a informée qu’elle est officiellement accusée et lui a dit de revenir avec ses avocats.

Mardi 28 août, accompagnée de ses deux avocats, la plasticienne a été informée qu’elle est poursuivie sur la base de l’article 121 ter du Code pénal pour atteinte au sacré et troubles de l’ordre public.

«Le juge d’instruction m’a posé des questions bizarres comme ‘‘Pourquoi vous provoquez les gens?’’ ou ‘‘Qu’avez vous voulu dire par ces toiles’’ exigeant de savoir mes interprétations. Mes deux avocats ont plaidé pour la levée de cette accusation et le classement de l’affaire», raconte l’artiste à Kapitalis. Elle poursuit: «Ce qui m’a choquée, c’est de voir le juge ordonnant tout de suite le remplissage d’une fiche anthropométrique».

En effet, l’artiste a dû, dit-elle, descendre l’escalier du tribunal pour se retrouver dans une pièce spéciale, assise à côté des personnes balafrées et poursuivies en justice pour des petits et grands crimes.

«On a pris mes empreintes comme une criminelle et des photos de face, de profil droit eet ensuite de gauche», raconte l’artiste, la voix saccadée, enrouée par la peur.

Alertés, universitaires, artistes et intellectuels ont décidé de ne pas se taire. Vendredi, une conférence de presse aura lieu au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) pour défendre la liberté d’expression des deux artistes poursuivis.

C’est ce qu’a déclaré à Kapitalis Amor Ghedamsi secrétaire général du Syndicat des artistes peintres.

Z. A.