Le réalisateur Hichem Ben Ammar fait un diagnostic sans appel de la 24e session des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc 2012), qui se tient du 16 au 24 novembre à Tunis. Il parle même de «naufrage».
Selon lui cette session du plus vieux festival de cinéma africain «touche le fond». «On est effectivement en plein naufrage! L'État se montre de plus en plus incapable de préserver les acquis de ce festival qu'il traite de manière purement bureaucratique. La nomination tardive, par le ministère de la Culture, de la direction du festival, est à l'origine de tous les handicaps», explique l'auteur de ''Cafichanta'' et ''J'en ai vu des étoiles'' et ''Un conte de faits''.
Il estime que «l'inexistence d'un bureau permanent (si souvent réclamé) est aussi une des tares de cette manifestation créée en 1966 et qui ne capitalise pas sur les expériences réussies.»
Spécialiste du documentaire, auquel il a donné ses lettres de noblesse, l'auteur de ''Le Tunisie vote'' sur les élections du 23 octobre 2011 ajoute: «Aujourd'hui, les cinéastes tunisiens sont perplexes devant cette situation catastrophique qu'ils ne peuvent en aucun cas cautionner, à moins d'en être complices». Et il se demande, incrédule: «Cette dégradation les forcera-t-elle à prendre la responsabilité de la gestion de ce festival? C'est leur dû et leur devoir.»
Cette question est d'autant plus légitime que les Journées cinématographiques de Carthage «sont l'une des seules manifestations africaines et internationales qui peuvent encore nous permettre de revendiquer notre appartenance au Sud». Il est donc du devoir des cinéastes de ne pas rester indifférents à son sort.
I. B.