Tunisie : Habib Kazdaghli et les ''Chroniques du Manoubistan''Les éditions Cérès viennent de publier ''Chroniques du Manoubistan'', ouvrage de Habib Mellakh, préfacé par Habib Kazdaghli, le doyen de la Faculté des lettres de Manouba.

L'auteur dédicacera son ouvrage le lundi 14 janvier à 11 heures à la librairie El Kitab (av, Habib Bourguiba, à Tunis) et le mardi 15 janvier à 18h30 à l'espace Art Libris au Kram, dans la banlieue nord de Tunis.

Le cadre historique

Les faits remontent au mois de mars 2012, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac le bureau du doyen Habib Kazdaghli. L'une d'entre elles, qui avait été exclue de la faculté pour avoir porté le niqab en salle de cours, accuse l'universitaire de l'avoir giflée.

Les deux jeunes filles sont poursuivies dans ce même procès pour avoir attaqué le bureau.

Habib Kazdaghli est accusé d'agression par une militante salafiste. Le ministère public ayant jugé bon de requalifier l'accusation en «acte de violence commis par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions».

Les poursuites contre le doyen ont déclenché un tollé en Tunisie et lancé un débat sur l'autorisation ou non du voile intégral durant les cours dans les universités. M. Kazdaghli a reçu le soutien de nombreux universitaires étrangers et des professeurs et juristes français et belges qui ont assisté au procès qui a été reporté plusieurs fois depuis l'été.

Le livre parait la veille de la date de la prochaine audience, qui aura lieu, le jeudi 17 janvier.

L'ouvrage

Ces "Chroniques du Manoubistan" reconstituent les épisodes d'un étrange feuilleton qu'on pensait d'un autre âge. Les événements se sont déroulés à la Faculté des Lettres de La Manouba, devenue le matin du 28 novembre 2011 l'objet d'une conquête (''ghazoua'') salafiste. Elles retracent, de jour en jour, la montée de la violence jusqu'à l'absurde comparution du doyen Kazdaghli, accusé d'agression contre des étudiantes en niqab venues saccager son bureau. Un retournement invraisemblable où, de victime, il devint coupable.

Ces pages sont aussi un recueil de chroniques tunisiennes qui rappellent l'existence en Tunisie d'autres ''Manoubistan'' et que ces événements font partie d'une campagne savamment orchestrée d'atteinte aux libertés. Des événements qui prouvent aussi à quel point cette offensive liberticide a pour objectif de mettre en péril le projet moderniste tunisien.

Véritable journal de combat et de défense des valeurs humanistes, ces chroniques sont enfin un hymne à la liberté et à la résistance des hommes et femmes du savoir, de la culture et des arts. En dénonçant les briseurs de rêves, elles incarnent un espoir : que la Tunisie soit à «la hauteur» de sa révolution.

Les auteurs

Habib Kazdaghli, originaire de la ville d'Hammamet, natif de 1955, est professeur d'Histoire contemporaine à la Faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba (Flahm, Université de Tunis-Manouba). Ses axes de recherche portent sur l'histoire contemporaine de la Tunisie et du Maghreb, l'histoire du mouvement communiste, l'histoire des minorités et des communautés de Tunisie (Juifs, Grecs, Russes, Maltais, Italiens ...), l'histoire du tourisme au cours de la période coloniale. Il anime l'axe ''Histoire et mémoire des communautés, mémoire des lieux'', au sein du laboratoire de recherche ''Régions et ressources patrimoniales de Tunisie'', dirigé par le professeur Abdelhamid Larguèche. Elu, depuis juillet 2011, doyen de la Flahm.

Habib Mellakh est né le 22 mai 1952 au Bardo. Après des études supérieures à la Faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, enseigne à l'Ecole normale supérieure de Tunis, l'Ecole normale supérieure de Sousse la Faculté des lettres, des arts, des humanités de la Manouba (Flahm) dont il a dirigé le département de français (1996-2002) et où il a représenté ses collègues au sein de son conseil scientifique pendant 18 ans.

Responsable syndical presque sans interruption de 1975 jusqu'en 2008 et particulièrement en tant que secrétaire général du syndicat de base de la Flahm, il a été de 1999 à 2003 coordinateur général du Syndicat général de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Professeur de littérature française, il est l'auteur d'un ouvrage sur l'œuvre de Francis Ponge intitulé ''La pratique poétique pongienne et d'études et d'articles sur la poésie moderne et contemporaine''. Il milite, après la Révolution du 14 janvier, au sein du tissu associatif. Il est l'un des fondateurs de l'Association tunisienne de défense des valeurs universitaires dont il est le secrétaire général.

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