Coran brûlé_mausolée de Sidi Bou SaidL'incendie, samedi, du mausolée de Sidi Bou Saïd est le dernier crime du genre commis par les extrémistes religieux. Voici, par ailleurs, la liste des mausolées ayant subi le même sort au cours des neufs derniers mois, établie par l'association Touensa.

 

L'incendie du mausolée de Sidi Bou Saïd «est une volonté clairement exprimée de s'attaquer au patrimoine culturel des tunisiens et à leurs croyances, et par là, à la culture tunisienne même», souligne Touensa dans un communiqué publié dimanche.

En effet, «depuis la révolution, plus d'une vingtaine de ''zaouia'', de ''maqam'' et de ''caveaux'' appartenant à des confréries soufis ou abritant des ''walis'' (saints) ont été attaqués, incendiés ou profanés», ajoute l'association, qui présente une liste des monuments religieux saccagés ou incendiés par des extrémistes religieux. Cette liste s'établit comme suit :

- le mausolée de Sidi El Kacem, à El Kef, incendié en avril 2012;

- le mausolée de Sidi Assila, au Bardo, a été détruit en avril 2012;

- le mausolée de Sidi El Mouhareb, à Monastir, a été incendié en mai 2012

- le mausolée de Sidi Yacoub, dans la commune de Zlitna, à Tataouine, a été détruit en mai 2012;

- un mausolée soufi, à Kairouan, a été détruit en août 2012;

- le mausolée de Sidi Abdallah El-Ghribi, à Sidi Bou Zid, a été détruit en août 2012;

- le mausolée de Sidi Abdelkader El-Jilani, à Menzel Bouzelfa, détruit en septembre 2012;

- le mausolée de Saïda Aïcha Manoubia, à La Manouba, incendié mardi 16 octobre 2012, vers 3h du matin (l'Unesco a condamné la profanation et le saccage de ce monument);

- le mausolée de Sidi Ali Hachani, situé à Menzel Abderrahmane, incendié le 1er janvier 2013 à 1h du matin;

- le mausolée de Sidi Abdelaziz El Mahdi, situé à La Marsa (banlieue nord de Tunis), incendié dans la soirée du jeudi 10 janvier.

- le mausolée de Sidi Bou Saïd El Béji, à Sidi Bou Saïd, incendié le 12 janvier 2012.

Beaucoup d'autres monuments religieux, à Skhira, Jerba, Mahdia, Mahres, et ailleurs, ont également été profanés et saccagés et que le ministère de la Culture, dirigé par l'universitaire pro-Ennahdha Mehdi Mabrouk, chassé samedi de Sidi Bou Saïd aux cris de «Dégage» n'a pas encore jugé nécessaire de répertorier.

Tout en se disant «consternés par ces actes contraires à nos coutumes et traditions, et à notre patrimoine culturel millénaire», les membres de l'association Touensa pour la vigilance et la citoyenneté, condamnent, sans leur communiqué, «ces actes qui visent à jeter la discorde et à semer la fitna (entre les citoyens tunisiens, Ndlr)». Ils se disent aussi «indignés par le fait que le gouvernement tunisien et le ministère de l'Intérieur, malgré la répétition des faits, n'a toujours pas mis en place un dispositif visant à protéger notre patrimoine culturel et nos lieux saints.» Et exigent du procureur général de la république d'engager des auteurs de ces actes. Le ministère de l'Intérieur doit aussi observer «la transparence totale sur les arrestations et condamnations des attaques déjà perpétrés contre les autres mausolées, et la plus grande fermeté dans le suivi des nouvelles attaques et la protection de ces lieux.»

I. B.