Il a fallu que des extrémistes religieux mettent le feu au mausolée Sidi Bou Saïd pour que le gouvernement Ennahdha bouge enfin et annonce un «plan d'action pour protéger les mausolées et les zaouïas». Trop peu, trop tard...
«Un plan d'action sera mis en place par le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Culture pour protéger les monuments historiques tels que les mausolées et les zaouïas», a ainsi annoncé, dimanche, le ministre de l'Intérieur Ali Lârayedh.
«Un acte criminel», affirme le ministre de l'Intérieur
Annoncée lors de la visite effectuée par Ali Lârayedh et le ministre de la culture Mehdi Mabrouk, au mausolée de Sidi Bou Said Behi, incendié samedi par des inconnus, cette décision intervient face à la profanation répétée des monuments religieux.
«Cette agression est un acte criminel», a lancé le ministre de l'Intérieur, sans pour autant désigner les responsables, précisant qu'«une enquête a déjà été ouverte pour déterminer les mobiles de cette agression». Il s'est prononcé, également, contre «l'instrumentalisation de cet incident à des fins politiques».
Pour sa part, Mehdi Mabrouk a annoncé le démarrage, à partir du lundi, des travaux de restauration et de réhabilitation du mausolée de Sidi Bou Said qui, a-t-il rappelé, est classé, depuis 1985, patrimoine mondial de l'Unesco. «Le ministère de la culture envisage, aussi, la mise en place d'une stratégie de valorisation des mausolées et des zaouïas», a-t-il ajouté, appelant la société civile à soutenir les efforts du ministère en matière de protection de ce patrimoine culturel commun.
Attentats contre la culture tunisienne
Cependant, les habitants de Sidi Bou Saïd ont rejeté l'aide des autorités publiques pour la restauration du mausolée complètement détruit. Ils se sont engagés à assurer cette restauration par leurs propres moyens, en espérant faire leur prière du Mouled (anniversaire de la naissance du prophète Mohamed), dans une semaine, dans ce monument religieux.
Les deux ministres, tout comme le président de la république Moncef Marzouki, venus quelques heures plus tard pour visiter le mausolée détruit, ont été accueillis par des foules en colère qui leur ont lancé des «Dégage !» très sonores. Pour leur laxisme et leur laisser-faire, qui ont encouragé les extrémistes religieux commettre leurs attentats contre la culture tunisienne.
I. B. (avec Tap).