Le parti islamiste au pouvoir a censuré un film à la maison de la culture Djerba Midoun. La raison: il est dédié à la mémoire de Bourguiba, magnifie les réalisations de l'ancien régime et passe en silence celles du gouvernement.
Selon Kamel Haj Zekri, secrétaire général du bureau local d'Ennahdha à Djerba, qui s'est expliqué sur Shems FM, le responsable de la maison de culture de Djerba Midoun «a prévu pour les festivités du 14 janvier, notamment, un documentaire sur la révolution. Notre surprise fut grande quand on a découvert que ce film n'est même pas un documentaire à proprement parler, mais l'auteur y a recueilli des déclarations où des citoyens n'ont fait que critiquer le gouvernement, glorifier l'ancien régime et rendre même hommage à Habib Bourguiba», a-t-il déclaré. Bourguiba étant, dans son esprit d'islamiste pur et dur, un ennemi absolu.
Le responsable du bureau local d'Ennahdha a ajouté que le film a provoqué les présents, dont la majorité est pro gouvernement. Il y a eu des accrochages légers avec des jeunes, qui voulaient regarder le film. « Mais il y a eu, heureusement, l'intervention des sages pour interrompre la projection», a expliqué M. Haj Zekri.
«Nous sommes, certes, pour la liberté d'expression, mais il n'est pas question de dénigrer le gouvernement ou encore moins le parti Ennahdha. Dorénavant, nous n'accepterons aucune manifestation où nous serions pris pour cible et critiqués», a conclu M. Haj Zekri. Qui n'a pas perdu beaucoup de temps pour remettre les pratiques de l'ancienne dictature en marche.
Drôle de conception de la liberté d'expression, qui en dit long sur le type de régime qu'Ennahdha cherche à mettre en place.
Z. A.