S’exprimant, mercredi 13 octobre, à l’ouverture de la 4e Conférence Cercle, organisée en marge de l’Abu Dhabi International Film Festival, Tarak Ben Ammar a appelé les Arabes à s’imposer par leurs visions, et non par leurs carnets de chèques.


Le patron de Quinta Production et d’Empire Studios à Hammamet a appelé à davantage d’investissements dans le cinéma et à la formation des talents locaux en matière d’investissement dans des blockbusters hollywoodiens. «La région peut construire une industrie cinématographique durable et réussir sans compter sur les talents importés», a-t-il déclaré.

Un point de vue différent
tarek ben ammar«L’homme qui a fait tourner ‘‘Star Wars’’ en Tunisie et qui est, peut-être, l’homme le plus puissant dans le monde du cinéma arabe», selon le site Dpme s’exprimait sans langue de bois devant un parterre de plus de 600 invités venus du monde entier, dont 70 professionnels de haut niveau, venus discuter des conditions de la création dans le domaine du cinéma, de la télévision et des médias numériques.
«Le temps est maintenant venu pour que le monde arabe joue sur la scène de Hollywood et partage ses propres histoires avec le reste du monde», a lancé le patron de Quinta Production, n’oubliant pas de rappeler aux professionnels des médias arabes leur «obligation morale» d’exprimer leurs histoires et leurs points de vue sur le monde à travers des films et des programmes TV.
«Il n’y a pas d’outil plus puissant que l’image pour apprendre à quelqu’un à communiquer avec votre histoire. L’image en mouvement est le moyen le plus efficace de communication de masse», a expliqué Ben Ammar. «A une époque marquée par la montée de l’islamophobie, nous avons la responsabilité de fournir un contrepoids, un point de vue différent», a-t-il ajouté.

Des partenaires et non des bailleurs de fonds
Selon le producteur tuniso-français, la meilleure façon de progresser c’est d’être des partenaires et non de simples bailleurs de fonds. «Si ne vous voulez pas jouer le jeu d’Hollywood, alors n’investissez pas seulement dans les films. Travaillez avec eux, mais pas seulement comme des financiers, mais comme des partenaires à égalité de conditions et imposez votre propre culture, vos propres histoires», a-t-il conseillé. Et d’enfoncer le clou : «Il ne faut pas que l’on soit obsédé par Hollywood. A Hollywood, ils n’ont pas besoin de nos talents. Ils ont juste besoin de notre argent.»


Tarak Ben Ammar, ici avec Nébil Karoui et Silvio Berlusconi dans les studios de Nessma TV

Appelant ensuite à la collaboration régionale, Ben Ammar a exhorté les gouvernements arabes à soutenir l’industrie cinématographique et à contribuer à l’éducation de leurs citoyens en investissant dans les arts audio-visuels sur les plans local et régional. Puis, s’adressant à ses hôtes de l’émirat, il leur a lancé: «Ne laissez pas l’héritage d’Abu Dhabi comme une occasion manquée ou ratée. Travaillez avec vos citoyens pour bâtir votre industrie locale. Collaborez avec vos voisins pour constituer votre industrie régionale (…) Votre héritage ne sera pas constitué seulement des bâtiments étincelants que nous voyons autour de nous. Nous avons également besoin d’exporter notre propre patrimoine culturel avec toutes ses richesses que le monde puisse mieux nous comprendre. Vous avez le pouvoir de changer cette région pour le mieux.»

Fidélité aux racines tunisiennes
«Certains des films produit par Ben Ammar, qui l’ont propulsé sur les devants de la scène, notamment ‘‘Star Wars’’ et ‘‘Raiders of the Lost Ark’’, ont tous deux été filmés en Tunisie. Tout au long de sa vie professionnelle, Ben Ammar est resté fidèle à ses racines et a travaillé dur à la promotion de la Tunisie auprès de l’industrie, fournissant des emplois à des millions de Tunisiens et contribuant ainsi à l’économie de son pays», conclue Olivia Olarte son compte rendu de la rencontre dans ‘‘Khaleej Time’’.
Un hommage qui ne nous semble pas particulièrement immérité. Même si, on peut estimer que Tarak Ben Ammar a eu, au début de sa carrière, dans les années 1970-1980, une sacrée chance et un coup de pouce inespéré de la part de sa tante… Wassila Bourguiba, l’épouse de l’ex-président tunisien, qui ne lui refusait rien… Mais la vie est aussi faite de rencontres salutaires. Et le producteur tuniso-français en a eu beaucoup tout au long de sa carrière.

Imed Bahri

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