Seule à l'affiche de la 3e soirée du festival Jazz à Carthage by Tunisiana, la belle chanteuse comorienne Imany a envoûté le public, qui le lui a bien rendu, en lui faisant un triomphe. Vidéo.
Par Michel Delorme
Ce qui frappe d'entrée chez Imany, c'est le timbre de sa voix, incroyablement grave, parfois rauque. Et non pas comme je l'ai entendu lors de la présentation au concert, non pas comme je l'ai lu dans le booklet du programme, «avec des accents bluesy à la Billie Hollyday». Sa voix et son chant n'ont rien à voir avec Billie Holiday (c'est comme cela que le nom s'écrit, Hollyday c'est Johnny, à une lettre près). Et «bluesy», comme «jazzy», est à proscrire du vocabulaire, c'est une dépréciation «in» des deux substantifs.
Un timbre de sa voix, incroyablement grave, parfois rauque.
En plus de cette voix, un charisme sensuel se dégage de la chanteuse. Côté répertoire, il faut oser chanter le «tube» planétaire ''You will never know'' dès la troisième chanson de la soirée. Mais elle sait qu'elle à du répondant pour suivre.
Vont s'enchaîner, entre autres et dans le désordre, ''Cross my heart I want you to be my baby, Oh lord won't you buy me a Mercedes Benz'' de Janis Joplin, un titre seule à la guitare acoustique, où l'on perçoit la grande Nina Simone, un autre en comorien, en fait un reggae.
On a noté ça et là quelques trouvailles comme cette extrapolation de ''Oh lord don't let me be misunderstood'' au beau milieu d'un de ses plus grands succès, ou cette citation de Claude Debussy dans une intro de piano. Il est fort à parier que les paroles de ''Slow down'' sont à double sens et sa présentation de ''Please change'' (?) fut un modèle d'humour tendre «Hey les filles, vous ne pouvez pas changer votre mec, alors changez de mec!».
Elle scanda «Carthage» avec une belle véhémence...
Tout au long du concert, presque deux heures avec les deux rappels, elle prit la parole avec une grande finesse et une grande intelligence, avec aussi une grande gentillesse. Elle scanda «Carthage» avec une belle véhémence et fit participer le public sans que cela tourne au mercantilisme. Elle confia à l'assistance le soin de chanter une ligne mélodique en disant «vous êtes l'arrangement», ligne mélodique sur laquelle elle superposa son chant. Saisissant.
Le public, de grande classe, lui fit un triomphe.