Dimanche, la 4e soirée de Jazz à Carthage by Tunisiana, a été meublée, en première partie, par le guitariste autrichien Wolfgang Muthspiel, un instrumentiste de premier ordre, et en 2e un Electro Deluxe, avec sa musique saignante.
Par Michel Delorme
Une guitare solo, sans accompagnement, cela pouvait à priori inquiéter. Eh bien, nos doutes furent vite balayés car Wolfgang Muthspiel utilisa toutes les ressources de l'électronique pour s'accompagner lui-même.
Wolfgang Muthspiel : des pensées pour Michael Jackson et Youssou N'dour (Ph. J.-L. Neveu).
Une bonne qualité rythmique
Très beau son, quelque soit la guitare utilisée, avec une préférence pour la première. M. Muthspiel est un instrumentiste de premier ordre.
Quant à la musique, elle fut de qualité variable. La ballade, toute en fioritures, ne sut nous convaincre. Pas plus que le morceau final dédié à Michael Jackson. On se demande encore pourquoi car aucune référence musicale n'apparût.
Le moment le plus excitant fut la composition ''Youssou'', en hommage à qui vous devinez. Wolfgang et Youssou Ndour collaborèrent un temps. La mélodie rendait bien compte de cela et son articulation avait même une qualité rythmique en elle-même. Casquette, pardon, chapeau M. Wolfgang, vous nous avez amadoués.
Les Electro Deluxe "ont du cheval dans leurs merguez" (Ph. J.-L. Neveu).
Façon Blues Brothers
La joyeuse bande d'Electro Deluxe déclencha un délire indescriptible dès son apparition sur scène. Sans aucun doute, ces jeunes gens sont connus ici «comme le houblon», dirait un Belge.
Je me rendis compte tout de suite que cette folie était en partie due au chanteur du groupe James Copley. Ce beau, très beau, mâle made in USA se présentait costume noir impeccable, vernis noirs aux pieds et nœud papillon noir au col. Le parfait portrait du crooner, qu'il n'est heureusement pas.
Car la musique d'Electro Deluxe, c'est de la viande saignante. C'est comme s'il y avait du cheval dans leurs merguez! Et pourtant nul musicien n'est Roumain, ils sont bien de Paris. Issu de la Côte d'Azur pour Bertrand Luzignan, dont le frère Fred officiait au sein de feu Sashird Lao.
Ce fut un festival de Rythm & Blues endiablé, façon Blues Brothers, de funk bien compris, genre le défunt F.F.F. (Fédération Française de Funk) où soufflait le formidable sax ténor Philippe De Lacroix-Herpin dit prof. Pinpin pour les intimes.
N'étant pas un familier d'Electro Deluxe, las comme on disait en vieux françois, je n'ai reconnu que ''Staying alive''.
Un concert extraordinaire de chaleur et d'intensité, une déferlante musicale. Le public, debout d'un bout à l'autre, leur fit un triomphe.
Photos: J.L. Neveu.