zwewla 9avril 4 9Des membres du groupe Zwewla ont célébré la fête des Martyrs sur l'avenue Habib Bourguiba. Ils ne parlaient pas, mais jouaient de la musique avec des ustensiles de cuisine. Et un sifflet.

 

Les Zwewla sont jeunes tagueurs, notamment Chahine Berriche et Oussema Bouagila, qui ont été interpelés par la police, dans la nuit du 3 novembre alors qu'ils faisaient des graffitis sur les murs de la ville de Gabes (sud-est). Accusés de «taguer sans autorisation sur les murs de bâtiments publics, violer l'état d'urgence et propager de fausses informations portant atteinte à l'ordre public», ils risquent des peines peuvent aller jusqu'à deux ans et trois mois de prison et 17.500 dinars d'amende.

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"Les démunis arrivent jusqu'à la source mais n'y boivent pas".

Ils ont comparu devant le tribunal de première instance de Gabès, le 27 mars, mais leur procès a été reporté au 10 avril.

Ils sont venus aujourd'hui, se mêler à la foule des citoyens célébrant la fête des Martyrs pour exprimer leur désenchantement. Ils considèrent que les «zwewla» («les démunis») en Tunisie ont été les principaux acteurs de la révolution, mais ils ont finalement été trahis par les résultats des élections. Ils estiment que les pauvres ont été totalement oubliés, mis de côté, et leur vie est même devenue plus difficile qu'elle ne l'était sous Ben Ali.

D'ailleurs, une pancarte résume leur combat: «Les pauvres sont arrivés jusqu'à la source mais n'y ont pas bu».

A la veille de leur procès, ils ont aussi manifestés pour rappeler qu'ils ne méritent pas une sanction lourde, pour de simples graffitis, revendicateurs certes, mais ne nuisant finalement à personne. «Le graffiti n'est pas un crime», soulignent-ils.

Y. N. M.