L'Association d'artistes plasticiens sans frontières a organisé, jeudi 11 avril, au Palais Khaireddine, une conférence de presse à l'occasion de la deuxième édition d'Art sans frontières (12 avril au 4 mai): une édition tuniso-marocaine.
Par Samantha Ben-Rehouma
Cette année, la manifestation sera l'occasion pour huit artistes plasticiens marocains et l'invité d'honneur, le Congolais Pierre Bodo, d'exposer leurs œuvres aux côtés de seize Tunisiens. De quoi y aller d'art d'art!
Arbia Loudhaief, présidente de L’Association d’artistes plasticiens sans frontières.
The (Tunisian) Artist
L'Association d'artistes plasticiens sans frontières s'active pour la promotion de l'artiste tunisien à l'échelle internationale, l'aidant ainsi à suivre les justes créneaux afin d'exposer et de se faire connaître à l'étranger, le tout à moindre coût! Payer son billet, son logement, sa galerie, transporter ses œuvres, chercher un support médiatique dans un pays étranger... bref tout un art (pour ne pas dire la croix et la bannière) pour l'artiste tunisien voulant faire partie du Gotha international!
En cela, l'association facilite l'échange en invitant en Tunisie des artistes de tout pays les faisant entrer dans un processus de prise en charge mutuelle. Cette année, l'échange est tuniso-marocain : L'Association prend en charge – le ministère de la Culture a octroyé 2000 dinars (fin 2012) et 3000 dinars (2013) de subventions, plus un bus pour les déplacements – les 8 invités marocains tandis que les 16 Tunisiens seront pris en charge par l'Académie des hautes études de Meknès. Autre touche au tableau: inviter un artiste mondialement connu afin que les artistes tunisiens s'ouvrent à d'autres expériences artistiques...
Le Congolais Pierre Bodo devant l'une de ses oeuvres... surréalistes.
En attendant Bodo
«Autodidacte, j'exploite mes pensées et mes idées de manière onirique.1970 année du déclic, à Kinshasa, à l'exposition ''Art Partout'' qui révèle au grand public la peinture populaire zaïroise dont je fus l'initiateur et l'une des principales figures avec Moké et Chéri Samba. Le fil conducteur avec ces peintres est notre foi en la capacité de créer un art capable de changer le cours de l'histoire. Je pouvais tout peindre, raconter tout ce que je voyais, ce que je vivais. L'un de mes principaux thèmes, était le ''Ndoki Zoba'' (la sorcellerie) et mes peintures avaient pour mission de conseiller l'abandon des pratiques de sorcellerie.»
Voilà comment Pierre Bodo se décrit. Aujourd'hui, son style – proche du surréalisme – lui permet d'exprimer ses grandes idées personnelles en traitant des sujets fantastiques ou symboliques avec une imagination étrange alimentée par ses rêves. «Je fais sortir tout ce qui m'arrive, de façon à ne plus me fixer sur des sujets spécifiquement africains afin de m'adresser au monde entier!», dit-il.
Souad Mahbouli, directrice de la galerie Khairedinne.
L'art et l'action
La promotion de l'art et de la culture – sous toutes ses formes – est fondamentale dans notre société «soufi-samment» menacée par les extrémistes où création artistique et liberté d'expression sont devenues persona non grata!
Réunir des artistes de tous continents et de toutes origines dans des disciplines variées qu'ils soient photographes, peintres, sculpteurs... tel est le trait principal de l'Association d'artistes plasticiens sans frontières, et ce, dans le but de créer des événements culturels tels que des expositions, des ateliers de création, des débats et d'autres activités dédiées au public qui permettent de communiquer à travers le langage de l'art et promouvoir leurs œuvres à travers le monde... Une fenêtre universelle multidisciplinaire des arts (peinture, sculpture, dessin, photographie, céramique...), un lieu de conversations, échanges, créations et diffusions de visions, où les créateurs pourraient être des vecteurs de l'art en action dans leur pays... Car, comme l'a écrit le romancier américain William Burroughs: «Nous savons maintenant que rêver est une nécessité biologique. Je pense que c'est ce que font les artistes - ils rêvent pour les autres.»
En aparté..
Interrogé par Kapitalis si les fautes d'orthographe sur certains de ses tableaux sont voulues, Pierre Bodo a répondu que le surréalisme ne s'étend pas seulement à la toile, il se diffuse aussi à travers le langage! Traduire: la charge sémantique des mots, par les distorsions qu'ils provoquent, enrichit l'approche du tableau.
Photo souvenir pour cette deuxième édition d'Art sans frontières.
Le vernissage, sous le patronage du ministre de la Culture Mehdi Mabrouk, est prévu pour le vendredi 12 avril à 17 heures, au Musée de la Ville de Tunis (Palais Khaireddine (rue du Tribunal-La Médina-Tunis.)
