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La 5e soirée du festival Jazz à Carthage by Tunisiana, jeudi 11 avril, a été animée par le Sound Painting Project, un groupe de quatre garçons dans le vent, comme les Beatles, et, en seconde partie, China Moses, qui fait honneur au blues.

Par Michel Delorme

La musique des Sound Painting Project n'est ni Electro-Jazz ou Funk comme on l'a dit et écrit, mais se revendique du choix de la musique tout court, et de bon aloi.

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Les Sound Painting Project: un phrasé jubilatoire. 

Sound Painting Project : un art beau et singulier

Le leader-compositeur-arrangeur Hamza Zeramdini pratique une guitare flamboyante que nul artifice ne vient gâter. C'est du fluide 100%, dans la grande tradition des maîtres de l'instrument. La sonorité est pleine et chantante, les solos intelligemment développés. Il est soutenu de belle et efficace façon par les claviers de Omar Ouaer qui relance sans cesse la machine. Le jeune batteur Youssef Soltana se met en évidence par un jeu qui sous-tend le tempo plus qu'il ne le marque, et par l'incroyable indépendance des quatre membres. Il improvise à part entière. Enfin, le trompettiste Arnaud Meunier ajoute une voix cuivrée à l'ensemble et double au bugle, cet instrument à la sonorité si belle. C'est au bugle que Stéphane Belmondo enregistra un des plus beaux solos de toute l'histoire du jazz, sur le ''Notre Père'' de Duruflé dans l'album ''Hymne au soleil''. Carrément! Arnaud possède en outre un phrasé jubilatoire et un sens de l'aération du discours qui le hisse au plan des meilleurs.

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Hamza Zeramdini pratique une guitare flamboyante. 

Particulièrement envoutant fut l'arrangement que fit Hamza de la chanson que lui chantait sa mère, ''Baba Bahri''.

Et surtout, comme vous le savez, les critiques de jazz adorent mettre des étiquettes sur la musique. Eh bien, dans le cas de Sound Painting Project, c'est juste impossible, leur art est beau et singulier.

China Moses : Belle comme un poème de Baudelaire

En seconde partie, une vedette américaine, si on peut oser cette hérésie stylistique. Mademoiselle... China Moses !

Belle comme un poème de Baudelaire, sapée princesse comme dans les films cultes, China entama son tour de chant par un bon vieux blues, bien «low down». Et de blues, il en sera question toute la soirée, sous toutes ses formes. Merci pour ce Crazy blues émouvant. Nous avons compris avec elle tout le sens du mot «Soul», idiome musical et qualité du cœur. Tout juste sa voix magnifique et puissante l'entraîna-t-elle à quelques excès de puissance volumétrique. Mais jamais dans la vulgarité, comme une certaine version de ''La vie en rose'', je vous mets au parfum.

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Un excellent show américain. 

Dinah Washington fut à l'honneur et l'on se souvint de l'album de 2009, ''This one's for Dinah''. Les compagnons de la demoiselle furent au niveau de l'excellence de tout show américain qui de respecte. On a un job à faire et on le fait à la virgule près, ce qui n'empêche pas le sentiment.

Raphaël Lemonnier, dont le nom figure au générique sur le même plan que la chanteuse, se montra un pianiste d'une efficacité redoutable et un maître arrangeur/band leader impeccable.

Peu comptable de son temps, China entonna ''Worksong'' avant de terminer par un retentissant hymne de Janis Joplin ''Move over'', toute une philosophie.

China mit le feu à un auditoire conquis d'avance, il est vrai que le public tunisien est particulièrement «top quality».

Illustration : China Moses (Ph. Anis Mili)