Devenu un rendez-vous incontournable des fans de jazz, le festival concocté par Scoop Organisation a tenu, cette année encore, les aficionados en haleine jusqu'à la dernière soirée. Le public finit toujours par y trouver ses comptes!
Par Samantha Ben-Rehouma
Décidément, les soirées se suivent et ne se ressemblent pas au Jazz à Carthage et c'est peut être cela la clef du succès: une équipe pro qui connaît la musique et une programmation éclectique sous le signe d'un voyage autour du monde, avec des artistes venus aussi bien d'Europe que d'Amérique du Nord et du Sud et d'Afrique...
Lady sings the Jazz
Samedi dernier, le public s'est laissé envoûter par la diva du jazz aux pieds nus (elle mérite vraiment ce titre) même si ce n'est pas un clin d'œil à Ava Gardner mais plutôt un style qui la rend plus à l'aise sur scène où elle déroule sa voix issue de l'école du chant classique, qu'elle pratique toujours. Une voix souple, onctueuse, d'une superbe plasticité et s'étirant sensuellement sur quatre octaves.
Jerry Brown en backstage: "Le public tunisien est génial et très réceptif".
Classée parmi les 50 plus belles voix par ''Jazz Magazine'', Jerry Brown a plusieurs cordes à son arc: enseignement dans plusieurs facultés d'Amérique du Nord, actions pédagogiques et écrits sur la musique, théâtre musical, films, création de son propre label discographique, enregistrement d'une douzaine de disques sous son nom et participation à toutes sortes de projets musicaux ou autres, concerts... En 1995, elle publie l'album ''A Timeless place'' avec Jimmy Rowles, qui accompagna Billy Holiday, Peggy Lee et Ella Fitzgerald (excusez du peu !!).
De ''I got Rythm'' (Gershwin) à ''Sinnerman'' (Negro Spiritual) en passant par l'incontournable ''A night in Tunisia'', elle a démontré que le répertoire jazzy à la sauce Brown – discrètement et intelligemment soutenu par son quartet dont les bœuf ont électrisé le public – nappe toutes les couches sociales et que l'on est jamais ni trop jeune pour comprendre et ni trop vieux pour apprécier le jazz...
Avec Salsa ilegal... Interdit de rester assis!
Leur musique n'a rien d'illégale, quel que soit le pays qu'ils traversent. Pour Salsa Illegal, c'est évident, la musique n'a ni barrières, ni frontières. C'est avant tout une fusion, un mélange culturel et social représenté par ses musiciens venus de chemins et de cultures différentes.
Une musique dynamique et résolument urbaine où se croisent cumbias et vallenatos de Colombie, salsa portoricaine, timba cubaine, et reggaeton...
Passée la première chanson, le charismatique chanteur cubain Angel Yosvany Quiros, dit «Yos», venu chanter en guest-star, a expliqué au public que la salsa (contrairement à la musique de chambre) est une musique qui se danse. «Alors je veux voir tout le monde danser... Vamos!».
Le public – qui attendait (peut-être) un signe – a donc poussé les chaises et la salle est vite devenue un «ballroom» où le déhanché était le «must be» de cette soirée muy caliente!
Aczent, le trio de Yasmine Azaiez au violon, Cory Pesaturo à l’accordéon et Abdelkader Ibn Haj Kacem aux percussions.
Yasmine Azaiez, la virtuose du violon
Quelle bonne idée de terminer (en beauté !) le festival de Jazz par Aczent, le trio avec Yasmine Azaiez (violon), Cory Pesaturo (4 fois champion du monde de l'accordéon !) et Abdelkader Ibn Haj Kacem (percussion).
La prouesse technique était telle que chaque morceau fut ovationné par le public charmé (subjugué ?) par la présence de Yasmine Azaiez – «perchée» sur de très hauts talons pendant plus de 2 heures – qu'on ne présente plus tellement ses représentations, à travers le monde, sont à chaque fois l'occasion pour le public de découvrir les autres cordes de son violon.
De Coltrane à la musique tzigane en passant par ses propres créations – sa chanson ''Sweet Revolution'' a eu droit à une standing ovation – le trio représente l'alchimie magique des cordes, du vent et des percussions!
Bref, vous l'aurez compris : Jazz à Carthage by Tunisiana est devenu un rendez-vous incontournable et même si cette année le suspense hitchcockien a tenu les aficionados en haleine jusqu'à la dernière minute, le public tout comme les organisateurs finissent toujours par y trouver leurs comptes!