Kolna Tounes présente son documentaire ''Mille et un Tunisiens racontent : Testour et Essaguia'', le mardi 7 mai, à 18h au Théâtre Municipal de Tunis, dans le cadre de la 8e édition de Doc à Tunis.
La projection du film, en deux épisodes, sera suivie d'un débat.
La «caméra citoyenne» de Emna Menif et Lassaad Ben Abdallah, allie réflexion, parole libre, partage et écoute, sans tabous ni préjugés, sans dirigisme, ni préparation... Elle donne libre cours aux réponses des citoyens à des mots porteurs d'une symbolique: révolution, constitution, code du statut personnel, islam, violence, travail, femme, jeunesse...
De Testour à Essaguia, deux villages du nord-ouest tunisien, la parole croisée révèle des contradictions profondes d'un individu à l'autre, d'un groupe à l'autre, mais aussi chez la même personne. Elle donne une autre lecture du devenir politique, économique et social de la Tunisie profonde, authentique, et parfois oubliée des siens. Elle alerte sur une décomposition des normes et valeurs sociales, l'émergence d'autres «cultures» − cultures-refuges, cultures dérivatives – et l'apparition de phénomènes de société déstructurant en cours de banalisation.
Le 1er épisode consacré à ''Testour'' présente une ville aux racines berbéro-romaines, cité andalouse, cité du malouf et de Habiba Msika, de la cohabitation confessionnelle et de la tolérance dont le minaret aligne la croix, l'étoile de David et le croissant, la contrée des orangeraies, grenadiers et du fromage... Testour livre dans des flots de paroles contradictoires et qui se contredisent, les impressions du citoyen de Testour de tous bords, sur sa ville, sa communauté, sa vie...
Testour, en 2013, l'artère de la ville et sa grande place interdites aux femmes, une jeune femme qui revendique niqab et polygamie mais aussi le maintien du Code du statut personnel, des hommes et des femmes qui pensent que la 6e année primaire suffit à l'éducation d'une fille vouée au mariage, un enfant de 10 ans, dans la cohérence de son endoctrinement, qui rêve de jihad, et aussi le salafiste qui pense que la femme est l'égale de l'homme.
Testour, un regard sévère sur la politique et les politiciens, une autre lecture et d'autres solutions à la pénurie de lait et au développement économique...
Dans l'épisode 2, ''Essaguia'', Emna Menif et Lassaad Ben Abdallah présentent la ville frontalière de Sakiet Sidi Youssef au passé meurtri, à l'histoire commune avec l'Algérie voisine, et qui raconte son destin plus que jamais lié à l'Algérie. Ses habitants partagent des histoires de la contrebande, vitale, avec le pays voisin, des histoires où se mêlent parfois le feu et le sang et une question: où sont les accords politiques d'échanges et de développement?
''Essaguia'' des forêts et des montagnes, devenues «tanières» de la prostitution à grande échelle dans des maisons closes clandestines improvisées «pour améliorer l'habitat».
''Essaguia'' aujourd'hui divisée, ''Essaguia'' qui explore des «cultures nouvelles», la drogue et l'alcool, «pas celui acheté à la pharmacie, c'est pour les bourgeois», un désastre sanitaire annoncé à coup de «zatla» (hachich) et de «huitièmes d'alcool à brûler».
Source : communiqué.
Illustration: Testour.