Coca Cola met en vedette, pour sa nouvelle campagne, 6 cinéastes de la nouvelle génération, 7 courts métrages et un documentaire tiré du quotidien des petites gens au titre tout trouvé, ''Tounsi w khalli y9oulou hbel''.
Par Zohra Abid
Pour ce documentaire, le premier du genre réalisé en Tunisie, projeté avant-hier soir à l'hôtel Carthage Thalasso, le tout Tunis artistique (ou presque !) était là. Fans de la marque de soda internationale, représentants d'agences de communication et de publicité, dont Mc Cann, cinéastes, artistes, cinéphiles, médias, et les personnages ayant raconté un morceau de leur vie devant les caméras de 6 cinéastes.
Naïm Ben Saïd remercie tous ceux qui ont contribué au succès de la campagne.
Un documentaire chargé d'émotion
A chacun son angle de vue, mais tous dégagent beaucoup d'humanité et de sincérité. Pétillants comme un soda, ils expriment une joie contagieuse dont on a vraiment besoin en cette période de crise économique et de morosité politique.
«''Tounsi w khalli y9oulou hbel'' (Tunisien, et que l'on dise que je suis fou) est un documentaire qui retrace la vie des gens, simples et solidaires. Nous avons donné la chance à 6 jeunes et ils ont fait du bon boulot. Et nous remercions nos partenaires ainsi qu'Ulysson Production (qui a assuré la partie technique, Ndlr)», a lancé, dans son mot de bienvenue, Naïm Ben Saïd, responsable marketing de la marque Coca-Cola, devant un parterre d'invités.
M. Ben Saïd semble très satisfait du travail accompli, et qui est au coeur de la nouvelle campagne de la marque, notamment sur les petits et grands écrans. Il était vraiment aux anges. Car, il s'agit d'une première du genre et qui ne se décline pas comme une campagne publicitaire banale. Cette fois-ci, tout est fait autrement, avec beaucoup de créativité, d'ouverture aux jeunes et, surtout, un contenu social qui rehausse l'image de Coca Cola. La marque fait ainsi d'une pierre plusieurs coups, et pour cela, elle n'a pas lésiné sur les moyens. Elle a donné un coup de pouce salutaire à 6 jeunes cinéastes et rendu hommage à des citoyens dont la générosité est une double nature.
Les 6 jeunes cinéastes évoquent leur aventure commune avec des trémolos dans la voix.
6 regards sur une solidarité citoyenne
Au total : 7 courts métrages et 6 auteurs qui ont offert aux Tunisiens un bon bol de fraîcheur pour leur faire oublier le stress de tous les jours en cette période difficile de transition. Les films, courts mais qui racontent avec beaucoup de profondeur et d'intelligence une partie de l'histoire du pays à travers à travers de petits récits de vie, filmés avec la sincérité et la précision que requiert le genre.
- ''Hamra Hamra'', d'Amine Boukhris, une histoire inspirée du ''Petit chaperon rouge'', mais adaptée à la réalité tunisienne. Une bande de 5 jeunes se rendent régulièrement aux hôpitaux d'enfants pour jouer l'histoire de ''Hamra hamra'' et du méchant loup. Un petit moment de bonheur qui fait oublier, pour un moment, aux petits pensionnaires un peu de leur souffrance.
- ''Les éboueurs de la mer'', d'Amel Guellaty : ici, dans les plages de Tunis et environs, on ramasse les déchets, on veille au grain pour un environnement sain. La caméra de la jeune cinéaste s'est baladée sur terre et dans le fond de la mer. Une ambiance sereine entre amis engagés pour la bonne cause.
- ''Saïda'', d'Ines Ben Othman, a touché le fond de la société. La cinéaste a braqué sa caméra sur Saïda la Bizertine, qui fait du «khobz tabouna» (pain artisanal) pour survivre avec ses deux petits. Pauvre, certes, mais tellement digne qu'elle offre ses petits pain aux voisins, aux pauvres du quartier, parfois mieux loties qu'elle. Et elle le fait avec le gros cœur et le sourire, qui lui permet de survivre et de poursuivre le combat.
- ''Le Professeur itinérant'' d'Intissar Belaïd. Quelques minutes passées avec bonheur lors d'une excursion en compagnie d'un professeur et ses élèves. Un jumelage entre deux écoles et le sens de l'affection n'a pas de prix. Dans un esprit de solidarité, chaque petit participe par ce qu'il peut pour donner un sourire aux élèves démunis. Le court-métrage donne une idée aussi sur la classe ouverte, où l'on apprend l'histoire et la géographie, dans une ambiance sympa. Et en pleine nature. On saisit mieux. Beaucoup mieux. La joie et l'amitié en bonus.
Un public de pros qui tirent leur chapeau.
- ''Poisson d'Avril'' ou "Nawares" de Riadh Barka se déroule à Kélibia, au port. Du poisson pour tous. Après la vente à la criée, ce qui reste des produits de la pêche est distribué aux démunis de la région. Ici, la mer nourrit tout le monde et sans elle, il n'y a plus de vie.
- ''Le Percussionniste'', de Houcem Sansa, ressemble à une symphonie de la vie. C'est avec quelques pas de danse, de petites notes de musique et un petit mot doux que les pensionnaires de la maison de retraite, ceux du Centre des malvoyants ou ceux de la maison des orphelins, sortent de leur isolement. Une ambiance cool, à fond la musique, et que tout le monde descende en piste. Un grand merci à l'étudiant Hamza de Sousse et à sa bande de musiciens pour le petit moment de bonheur qu'ils offrent aux oubliés de la vie.
- ''Le Grand Sud'', 2e court métrage d'Amine Boukhris. Il s'agit d'une vadrouille dans le désert. Au milieu des dunes géantes et dorées, une tribu de bédouins habitués à faire la «zarda» (festin) à l'occasion de la tondaison des bêtes. On trait du lait, on fait à manger et on offre ce qu'on peut. Bon appétit à tous.
Les réalisateurs du documentaire, chaudement applaudis par les invités, ont parlé chacun de son expérience, et remercié ceux et celles qui leur ont permis de vivre une si belle expérience à la fois artistique et humaine, et de redécouvrir, ce faisant, la société tunisienne qui regorge de richesses humaines. Ils vont sans doute prendre goût à ce métier qu'ils ont choisi. Et, pour eux aussi, l'appétit viendra sans doute en mangeant.