Homme d’art et de culture, grand passionné de cinéma, ce fort en gueule, dont les amis, autant que les adversaires, redoutent le franc-parler, restera dans la mémoire des cinéastes et des cinéphiles tunisiens, arabes et africains comme le père spirituel du cinéma d’auteur dans la région. N’est-ce pas lui qui nous fit découvrir les Youssef Chahine, Ousmane Sembene et autres Sadok Ben Halima, les pionniers du cinéma d’auteur en Afrique et dans le monde arabe?
Né à Sayada (gouvernorat de Monastir) en 1927, Tahar Cheriaa poursuit des études secondaires à Sfax. Licencié en lettres arabes de l’université de Tunis, il part à Paris. Sa passion pour le septième art s’est d'abord manifestée au sein des ciné-clubs, dont il a présidé la fédération nouvellement tunisifiée. Il créé ensuite le service cinéma au sein du ministère de la Culture, et contribue à l’élaboration des textes régissant le secteur, publiés en 1960 dans ce qui deviendra le code de l’industrie cinématographique.
Feu Cheriaa est le fondateur, en 1966, des Jcc, premier festival de cinéma arabo-africain, dont il présida les quatre premières sessions (1966, 1968, 1970 et 1972).
Les Jcc, en leur 23e session (23-31 octobre), ont tenu d’ailleurs à rendre un énième hommage à leur fondateur, lors d’une soirée spéciale au Théâtre municipal de Tunis, le 27 octobre. Bien qu’affaibli par la maladie, Tahar Chériaa n’a pas manqué le rendez-vous. Il était monté une dernière fois sur le podium de la biennale à laquelle il a donné vie.
Au sein de l’Agence de coopération technique (Act), l’ancêtre de l'Organisation internationale de la francophonie (Oif), il a joué un rôle actif dans la création, en 1971, du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
Critique et historien du septième art, Tahar Cheriaa a publié plusieurs articles dans des revues tunisiennes et étrangères, et des livres autour du cinéma. Il a également traduit de la poésie (de et vers l’arabe).
Tahar Cheriaa a été décoré, en 2007, des insignes du Grand Cordon de l’Ordre du mérite national, au titre du secteur culturel, par le président Zine El Abidine Ben Ali, qui l’a entouré de sa sollicitude lors de sa maladie.
Kapitalis, avec Tap.