Le magnat tunisien des médias Tarak Ben Ammar et l'Etat français vont recapitaliser le groupe Eclair, laboratoire historique français de la post-production, à hauteur de 12,4 millions d'euros (25 millions de dinars).

 

L'injection de fonds soutiendra le changement complet des laboratoires Eclair en numérique et permettra l'accélération du développement de sa distribution et de services de post-production.

L'investissement a été fourni par l'État Français via les Fonds de consolidation et de développement des entreprises (Fcde), le groupe Quinta Communications de Tarak Ben Ammar, et les managers du groupe Eclair présidés par Thierry Forsans.

«Cette augmentation de capital permettra au Groupe Eclair d'achever son passage au numérique et d'accélérer son développement dans toutes ses divisions – allant de la post-production, de la distribution jusqu'à l'adaptation et le patrimoine», a déclaré Forsans dans un communiqué.

Tarak Ben Ammar est actionnaire de 43% dans Eclair, depuis 2007, grâce à l'acquisition de Téléclair, la société de la famille Dormoy.

Son plan au moment de l'acquisition était de fusionner le laboratoire historique, datant de 1907, avec sa société de traitement de films LTC, qui était déjà détenu par Quinta, pour créer la plus grande industrie cinématographique de France.
Ben Ammar a, alors, commencé l'acquisition des laboratoires de post-production via Quinta Industries.

Il a fait valoir qu'une telle mesure était la seule initiative pour les entreprises – qui avaient gagné de l'argent grâce au traitement des centaines de films par an – afin de survivre dans l'ère numérique «celluloid-free».

La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a bloqué ce mouvement de fusion en 2008.

LTC a fermé ses portes en décembre 2011, avec la perte de 115 emplois. La fermeture a pris les unités Quinta Industries dans son sillage, envoyant des ondes de choc à travers l'industrie française. Les laboratoires GTC, fondés par Pathé et Gaumont en 1947, avaient déjà fermé leurs portes en 2009.

La numérisation a été particulièrement rapide en France à cause des subventions de l'Etat soutenant ce processus. Au cours des 24 mois qui ont précédé la fermeture de LTC, le pourcentage de cinémas numériques est passé de 20% à 75%, et les laboratoires ont perdu 70% -80% de leur marché.

Ben Ammar a déclaré à ''Screendaily'', mardi dernier, que la décision du gouvernement d'investir dans le Groupe Eclair par les fonds Fcde et en partenariat avec lui justifie sa position en ce qui concerne la disparition de LTC. «Les récents événements m'ont donné raison sur certaines accusations», a t-il dit.

«Quand je suis entré dans Eclair et LTC, j'avais déjà une vision sur le déroulement des choses. Dès le début, mon plan était de regrouper les entreprises et de créer une entreprise qui couvre tous les services du laboratoire grâce au numérique et aux services de post-production», indique encore Ben Ammar. «Mais, d'une part, le Centre national du cinéma (CNC) a recommandé le regroupement suivant mon plan et d'autre part, la Commission de la concurrence a bloqué la fusion de ma proposition avec celle des managers d'Eclair, par crainte qu'on devienne un monopole tout en reportant cette proposition à quelques années plus tard. Nous leur avons dit à l'époque: ''Nous serons morts d'ici là'', et c'est exactement ce qui s'est passé... Eclair est allé dans le chapitre 11, LTC ne pourrait pas survivre dans le chapitre 11, nous avons essayé de la remettre en place mais elle est décédé en 2011.»

«J'ai perdu mais j'avais raison, la preuve que le nouveau gouvernement de gauche me considère comme le seul partenaire sérieux dans la post-production. C'est pour ça qu'ils m'ont demandé de les aider à assurer que la France, pays produisant plus de 200 films par an, continue à avoir un laboratoire... Ils ont compris qu'ils doivent soutenir l'un des soldats restants», a déclaré Ben Ammar.

En vertu de l'opération de recapitalisation d'Eclair, la part de Ben Ammar a été diminuée mais il garde un siège au conseil d'administration d'un nouveau holding contrôlé par le fonds Fcde, les managers d'Eclair et Téléclair.

Le pôle majeur du plan de recapitalisation d'Eclair est d'améliorer ses services de restauration et de numérisation du patrimoine. Le groupe a pour objectif de travailler sur 150 photos cette année... Gaumont et Pathé, deux sociétés historiques de production, sont actuellement dans le processus de numérisation et de restauration de leurs catalogues sans oublier le système de subventions CNC aux producteurs indépendants qui souhaitent numériser leurs copies 35mm.

Eclair est également en partenariat avec les spécialistes de la distribution numérique Deluxe et HP sur leur initiative conjointe visant à accélérer les systèmes de distribution via la technologie Cloud. Le nouveau réseau numérique sera lancé sur les écrans français en octobre 2013.

Le groupe Eclair a déclaré dans un communiqué, que son objectif global est de devenir un acteur dominant de post-production numérique en France et même en Europe.

Thierry de Segonzac, chef de l'organisme professionnel représentant les industries techniques françaises Ficam, a déclaré la recapitalisation constitue une évolution positive.

«Je me réjouis de la compréhension des investisseurs qui ont compris la logique d'investir dans le secteur des industries techniques liées au cinéma. Cette décision marque un retour de la confiance dans une industrie centenaire qui lui permettra de mieux faire face aux défis exceptionnels de cinéma numérique du 21e siècle», a t-il commenté.

Source : communiqué.