Vendredi, le 49e festival International de Carthage ouvrait ses portes. Pour l'occasion, l'ensemble académique Alexandrov a offert un spectacle complet mélangeant danses folkloriques, chants traditionnels russes, airs d'opéra et répertoire contemporain.
Par Seif Eddine Yahia
Amphithéâtre rempli pour le premier concert de ce 49e festival de Carthage. Difficile de trouver une place au milieu de cette foule compacte venue applaudir les Chœurs de l'Armée rouge.
Tout ce qui fait le charme si particulier de ce festival était bien évidemment au rendez-vous dès la première soirée: les marchands de fruits secs qui tentent de se frayer un chemin au milieu du public, les spectateurs prévoyants qui ont amené des coussins pour se protéger de la rudesse des pierres des gradins du théâtre romain et, bien évidemment, le spectacle qui commence avec plus d'une demi-heure de retard.
Sofiane Zaïdi et les Choeurs de l'Armée rouge entonnent l'hymne national tunisien. (Ph. Sami Snoussi).
A 23 heures, la formation du général Viktor Eliseev entre en scène. Un orchestre d'une dizaine de personnes prend place avant que n'entrent les chœurs tant attendus. Le concert commence par l'interprétation de l'hymne national russe. On a ensuite assisté à un des moments forts du spectacle quand les Chœurs de l'Armée rouge, accompagnés par Sofiane Zaïdi et par l'ensemble du public présent, ont repris l'hymne national tunisien.
Le spectacle lancé, les choristes ont laissé place aux danseurs du groupe dont les chorégraphies inspirées des danses traditionnelles russes et réglées au millimètre ont impressionné l'assistance.
Un répertoire assez diversifié allant de la musique classique à la musique contemporaine universelle (Ph. Slimen Toumi).
Le reste du show fut une alternance entre les performances acrobatiques des danseurs et les performances vocales des chœurs et des solistes. Le sens de la mise en scène et l'humour, dont a fait preuve la formation, ont été grandement appréciés par le public lors de ce spectacle à la fois musical et visuel.
Le répertoire élaboré par la troupe Alexandrov était assez large pour que chacun puisse y trouver son compte. Ainsi, pour la musique classique, les chœurs ont fourni des performances remarquables sur ''l'Hymne à la Joie'' de Beethoven, l'air de ''Figaro'' tiré du ''Barbier de Séville'' et ''Schéhérazade'' de Korsakov.
Alternance entre les performances acrobatiques des danseurs et les performances vocales des chœurs et des solistes. (Ph. Samy Snoussi).
Le tour de chant de ces chœurs a été d'un éclectisme étonnant, puisqu'on a pu reconnaitre au cours du spectacle, des airs aussi divers que ''Les Trois Cloches'' d'Edith Piaf, ''Ah si j'étais riche'', tiré de la Comédie Musicale ''Un Violon sur le Toit'' (et interprété ici par Victor Gronov) et même le succès de Tom Jones ''Sex Bomb'' qui a donné lieu à un solo de danse savoureux de la part d'un des choristes.
Saluons au passage la performance de la chanteuse soliste de la troupe qui a interprété ''Chilet al ayani'', classique du répertoire algérien, devant un public conquis.
Autre grand moment de cette soirée, l'interprétation de ''Carmina Burana'' par l'ensemble des Chœurs accompagnés par les danseurs de la troupe.
Notons enfin la performance des luthistes de l'orchestre qui ont fait découvrir, dans une performance alliant virtuosité et humour, la puissance des Domras et des Balalaïkas russes.
L'interprétation de l'inévitable ''Kalinka'' a clôturé cette soirée de qualité, qui annonce, nous l'espérons, un festival de haute tenue.
Les chorégraphies inspirées des danses traditionnelles russes et réglées au millimètre ont impressionné l'assistance; (Ph. Samy Snoussi)
La politique tunisienne s'invite dans le spectacle
Lors du spectacle des Chœurs de l'Armée rouge, nous avons pu voir, ça et là, dans l'assistance, quelques étendards marqués de la faucille et du marteau. Mais à la fin du concert, d'autres chants se sont faits entendre, des gradins cette fois-ci. L'Internationale a ainsi été entonné par quelques membres des jeunesses du Front Populaire présents dans le public. Les slogans dénonçant la politique d'Ennahdha, et appelant à poursuivre la révolution du 14 janvier ont été ensuite entendus dans les travées du théâtre.
Des incidents sans gravité quoiqu'un peu hors de propos, qui ont rappelé aux personnes présentes que désormais, en Tunisie, la politique est partout, même dans les salles de concert.
Photo d'illustration: Ph. Slimen Toumi.