Leila Toubel, dramaturge et comédienne, ex-directrice du comité d'organisation du Festival de Boukornine, et Ezzeddine Gannoun, éternel arpenteur de la scène, fondateur et manager de l'Espace El Hamra, persistent et signent: le théâtre joue un rôle important en politique.
Par Yüsra N. M'hiri
Les deux «bêtes de scène» ont tenu une conférence, jeudi, à Tunis, pour présenter leur dernière pièce théâtrale, ''Ghilan - Monstranum's'', qui sera présentée, le mardi 23 juillet, dans le cadre du 49e Festival internationale de Carthage. C'est le spectacle de «monstres humains» avides de pouvoir, qui manoeuvrent dans l'ombre, après que la révolution populaire du 17 décembre 2010 - 14 janvier 2011 ait libéré leurs incommensurables ambitions.
Cette pièce, concoctée par Leila Toubel et Ezzeddine Gannoun, vise d'abord, comme toute oeuvre d'art, à divertir, mais elle veut aussi inciter à réfléchir. Et notamment sur le pouvoir, comme fantasme, comme désir et comme obsession. Mais aussi comme une formede violence. «On s'adresse aux gens intelligents et sensibles», explique Mme Toubel, qui aime faire rimer art et résistance, théâtre et combat...
L'infatigable dramaturge et metteur en scène Ezzeddine Gannoun décrit la révolution comme une rêve contrarié. «Nous avons rêvé, les yeux ouverts, comme sur un nuage... Mais, aujourd'hui, ce rêve, s'est évaporé», explique-t-il.
Ezzeddine Gannoun et Leïla Toubel.
Partant de là, le directeur du Théâtre organique et de l'Espace El Hamra estime qu'il reste encore beaucoup de choses à faire avant d'espérer recueillir les fruits de la révolution. Lui aussi plaide pour une implication totale du théâtre dans la politique. «Un homme de théâtre ne peut être neutre... Ceux qui le sont, sont des calculateurs. Cela leur permettra de retourner la veste le moment venu, assez aisément, comme on a pu le voir et le constater en diverses occasions», explique Ezzeddine Gannoun.
Les deux co-auteurs de ''Ghilan - Monstranum's'' ont évité d'en dire plus sur leur pièce. Ils promettent des émotions, des sensations et des vibrations très fortes, mais aussi des invitations à réfléchir sur la situation actuelle en Tunisie, avec ses controverses, ses violences et incertitudes.