Le chanteur de rai algérien a su mettre de l'ambiance, samedi soir, au théâtre romain de Carthage. Son concert s'est achevé en apothéose vers 1 heure du matin, et sous la pluie.

Acclamé chaudement à chaque concert à travers le monde, Mustapha Didouh, le claviste de Cheb Khaled n'a pas eu hélas ce privilège, avant-hier soir, sur la scène du théâtre romain de Carthage, après son apparition avant le spectacle et son salut au public.

Cela dit, Cheb Khaled a fait les honneurs à son compagnon de route en lui cédant sa place pour un jeu de danse. Une manière de le présenter au public du Festival international de Carthage en tant qu'artiste révélé. Accueilli par un collier de jasmin offert par l'un de ses fans à la première rangée des chaises, Cheb Khaled s'est trouvé devant une marée humaine où le vide ne s'est pas installé.

Cheb Khaled chante la femme arabe, la patrie et la terre de ses ancêtres (Ph. Samy Snoussi).

Après un prélude instrumental, assez long pour les festivaliers, le «roi du rai» a fait son apparition en débutant dans l'ambiance de ramadan, par une chanson religieuse ''Allah ya Allah, ya rasoul allah'' (Dieu et son Prophète).

Devant ses fans dont beaucoup ont levé le drapeau algérien, et gardant toujours son sourire enfantin, il a chanté ses tubes à grand succès comme ''Bakhta'' et ''Wahrane'', en hommage à sa ville natale, Oran.

Dans un rythme de plus en plus cadencé, il a swingué entre rai et reggae, pour chanter la douleur de l'exil dans "Bkit ala bledi" (J'ai pleuré ma patrie) et "Welli ldarek" (Rentres à la maison).

Entre le nouveau comme "Samira" et l'ancien comme "Aicha", Cheb Khaled a encore chanté pour la femme algérienne, tunisienne, marocaine, libyenne, égyptienne... pour la femme arabe, la patrie et la terre de ses ancêtres, sans se départir de cette joie si contagieuse qu'il aime partager avec son public.

"On va s'aimer, on va danser" (Ph. Samy Snoussi).

Faisant la fine bouche, certains ont estimé que Cheb Khaled n'avait plus à proposer que de beaux restes. D'autres sont restés fidèles à leur idole qui leur a offert le cadeau qu'ils attendaient, "On va s'aimer, on va danser", en répliquant "chaque jour, et malgré eux", une improvisation sifflée et un message fort pour ceux qui n'aiment pas la vie. Et avec "Di Di", pour finir en apothéose, la flamme et la foule se sont quittées sous la pluie.

Cheb Khaled avait bien raison : «Il va y avoir du ''khir'' ce soir». Car la pluie, on le sait, est un signe de prospérité annoncée.

I. B. (avec Tap).