Habituée du théâtre romain, Patricia Kaas était attendue ce mercredi 24 juillet à Carthage pour sa réinterprétation du répertoire d'Edith Piaf, icône de la chanson française. Un concert en demi-teinte...
Par Seif Eddine Yahia
Après une conférence de presse verrouillée où elle avait fait valoir son statut de star internationale auprès des journalistes présents, Patricia Kaas a souhaité que le nombre de photos lors de ce concert soit limité au strict minimum (photos sans flash, seulement pour les journalistes, et pendant les trois premières chansons seulement). Des mesures qui ont grandement permis de réchauffer l'ambiance avant l'entrée en scène de la diva.
Gradins supérieurs vides, et places clairsemées à certains endroits, l'affluence était étrangement faible pour une artiste internationale telle que Patricia Kaas. Pourtant, cela n'a pas empêché le public présent de s'enflammer dès la projection du film servant d'introduction au concert.
Trois musiciens étaient présents sur scène: un pianiste (Johnny Dike), un violoniste et un accordéoniste (Frédéric Elbert) faisant également office de Disc Jockey pour introduire les passages enregistrés avec l'Orchestre Royal Philarmonique dans le spectacle.
Kaas revisite le répertoire de La Môme
Vêtue d'une fourrure noire, Patricia Kaas entre sur scène sous les ovations du public présent. A genoux, elle interprète ''Mon Dieu'' et garde tout le public muet jusqu'au bout; jusqu'à cette dernière note tenue plus de cinq secondes sous les applaudissements des spectateurs impressionnés.
Comme elle l'a souligné lors du premier intermède, Patricia Kaas a souhaité, par cette série de concerts, rendre hommage à la Môme en revisitant ses plus grands succès mais aussi ses titres les plus confidentiels. Joie, souffrance, douleur et passion devant se mélanger au cours de ce spectacle.
Deuxième morceau du spectacle: ''Paris''. L'occasion de voir arriver sur scène le danseur Kévin Michel. Pendant tout le reste de la soirée, l'artiste à proposé une prestation de haute volée alliant danse moderne, poppin' et breakdance afin d'illustrer d'une façon novatrice les chansons d'Edith Piaf. Patricia Kaas a d'ailleurs tenté, parfois sans succès, de suivre le jeune danseur dans certains mouvements de popping.
Vêtue d'un imperméable et dans un décor rappelant celui du Paris éternel, la chanteuse a ensuite enchaîné avec ''Mon manège à moi'', et ''C'est un gars''.
''La Foule'' a été un grand moment dans la mise en scène du spectacle. Dès l'introduction du morceau, la chanteuse de blues s'est lancée dans une danse sensuelle avec Kévin Michel avant de livrer une interprétation qui a fait vibrer une grande partie du public. Seul bémol, la foule, qui souhaitait participer au refrain, s'est fait gentiment recadrer par une chanteuse qui souhaitait interpréter sa chanson dans ses temps, sans prendre en compte l'envie du public d'entrer dans cette «folle farandole».
Pour ''Milord'', Patricia Kaas a réservé une surprise à l'assistance du festival de Carthage, puisqu'une vidéo la mettant en scène avec le légendaire Samouraï, Alain Delon était projetée pendant la durée du morceau. La chanteuse a ensuite enchainé avec ''Les amants d'un jour'', ''L'étranger'' (la première chanson de Piaf) et ''Les Blouses Blanches'' en offrant à chaque fois une performance vocale de haut niveau.
Jeu de scène laborieux
La chanson ''Mon vieux Lucien'' a permis de mettre en lumière un des gros problèmes de Patricia Kaas.
La chanteuse a certes une grande voix, mais son jeu de scène est laborieux et elle ne parvient pas à capter son auditoire. Le style Titi parisien était ici sur-joué. Mais plus généralement, le jeu de scène de l'interprète tant avec les musiciens qu'avec le public était hésitant et maladroit.
Embrasser trois musiciens et lever sa robe à mi-cuisse, cela ne suffit pas pour captiver un public comme ont pu en attester les nombreux spectateurs endormis pendant le spectacle, sans compter ceux qui ont déserté leur place au cours du concert.
Après ''Padam, Padam'' et ''Je t'ai dans la peau'', la chanteuse de blues a revisité ''La Vie en Rose'' en faisant, pour la première fois du spectacle, pleinement participer le public, à la fin de la chanson.
La fin du concert approchant, Patricia Kaas a interprété ''La Belle Histoire d'Amour'' et ''l'Hymne à l'Amour'' de Piaf dont la voix s'est faite entendre à la fin du morceau. A la demande de la chanteuse, le public s'était d'ailleurs levé pour rendre hommage à la Môme disparue il y a 50 ans.
Alors que l'on croyait le spectacle terminé, et que plusieurs spectateurs avaient quitté l'enceinte du théâtre, Patricia Kaas est revenue sur scène en robe blanche afin d'interpréter, en guise d'au revoir, ''Non je ne regrette rien''.
Patricia Kaas a offert un spectacle complet alliant performances vocales à couper le souffle, et spectacle visuel de qualité. Rien n'a été laissé au hasard dans ce concert, si ce n'est le public, venu partager un spectacle avec une des chanteuses françaises les plus populaires en Tunisie mais qui a finalement assisté à un spectacle froid où les mots partage et échange étaient assez peu à l'ordre du jour.